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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 20:27

En 2013, la Conférence des évêques de France a eu la riche idée de placer à la tête de son service dédié à la pastorale des migrants et des personnes itinérantes un homme idoine. Le P. Lorenzo Prencipe est italien, le pays d'Europe le plus directement concerné par l'arrivée sur ses côtes de malheureux fuyant l'Afrique ou le Moyen-Orient.


Ce prêtre est un religieux, membre de la congrégation des Missionnaires de Saint-Charles, plus connus sous le nom de Scalabriniens, du nom de leur fondateur. Giovanni Battista Scalabrini (1839-1905), évêque de Plaisance, voyant partir des milliers de miséreux vers des pays d'Europe plus riches ou vers les Amériques, et a voulu que des missionnaires les accompagnent dans leur périple. Celui que l’Église appelle avec respect le Père des migrants a été béatifié par Jean Paul II en 1997. Voir ici son portrait par Mgr Jean-Luc Brunin.


Créée en1877, la congrégation compte aujourd'hui 7000 membres de 27 nationalités, dont quelques uns en France. La branche laïque scalabrinienne est également présente dans l'hexagone, notamment dans le diocèse de Nancy, (voir ici), dans une région très marquée par l'immigration italienne.


Les derniers événements en France – notamment l'évacuation le 2 juin d'un campement de migrants à Paris (Porte de la Chapelle) – ne pouvaient laisser le P. Prencipe indifférent. Dans un entretien publié sur le site de la Conférence des évêques (à retrouver ici), il a fustigé le comportement des responsable politiques.


Selon lui, les pays de l'Union européenne « font semblant de répondre à des situations de précarité mais sans trouver de solutions globales, concrètes et d’une certaine manière, définitives ». Il dénonce les « réactions négatives lorsqu'il a été question de se 'répartir' les migrants venus de la Méditerranée par l'Italie et qu'il fallait 'redistribuer' dans toute l'Europe ». La France n'a pas été la plus brillante dans ce débat.


Car, rappelle le prêtre scalabrinien, les migrants qui campaient à Paris avaient entrepris la route de Lampedusa vers Calais puis l'eldorado anglais. « Fermer les yeux, ne pas vouloir trouver des solutions sur ce qui se passe en Méditerranée et dans les pays d’origine – notamment en Libye et les pays environnants – et évacuer ces personnes est de l’ordre du cache-misère. Ces fausses solutions sont une atteinte à leur dignité, à leur histoire et toute la souffrance déjà vécue pour arriver jusque-là ».


On retrouve là le discours de l’Église catholique, et des papes, depuis bien longtemps. Une conviction qui pousse nombre de fidèles à se battre au côté des étrangers.


On ne s'étonnera pas en lisant le reportage publié par Libération mercredi 3 juin sur des mésaventures de migrants à Lyon de voir en première ligne le P. Bruno-Marie Duffé. Le vicaire général « Famille et société » de la capitale des Gaules symbolise l’implication des communautés catholiques.


A Décines, à côté de Lyon, depuis le 21 avril, 164 migrants étaient accueillis dans un local loué par la Coordination Urgence migrants du Grand Lyon (voir leur site ici), animée et financée par le diocèse. Le 1er juin, tout le monde a du quitter l'usine désaffectée, seules quelques familles pouvant bénéficier d'une solution acceptable.


En Gironde, il y a quelques semaines, un couple avec enfant était accueilli dans un presbytère, avec la bénédiction informelle des services sociaux, incapables de proposer une solution meilleure


Le P. Prencipe n'a pas fini de secouer les autorités publiques. Avec les militants catholiques, le scalabrinien ne se bat jamais seul.

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  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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