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3 janvier 2021 7 03 /01 /janvier /2021 11:52

Pour cette nouvelle année, que je vous souhaite moins angoissante que la précédente, j'ai jeté un œil à mon tableau d'évêques, en m'intéressant à leur diocèse d'origine. Après auscultation des 93 diocèses métropolitains (1), voici quelques remarques objectives et commentaires subjectifs.

 

* Au 31 décembre 2020, 48 diocèses sont pourvoyeurs des 99 évêques actifs en métropole, titulaires ou auxiliaires (2). En creux, la moitié des diocèses français n'ont envoyé aucun prélat hors de leurs bases.

 

* L'Île-de-France fournit 27 évêques. Hormis Paris, dont on reparlera plus loin, mention spéciale aux diocèses de Versailles (5 prêtres promus) et Nanterre (4), à la sociologie certes favorable, plus généreux que leurs voisins de Créteil et de Saint-Denis (2 chacun). Zéro pointé pour Évry et Pontoise.

 

* Deux gros diocèses historiques s'en tirent honorablement avec quatre prélats : Lille et Strasbourg. Derrière, viennent Rouen et Tours (3 mitrés). Des diocèses majeurs comme Marseille ou Lyon n'ont envoyé que deux de leurs fils recevoir la mitre, comme des bastions de l'Ouest (Rennes, Nantes, Angers, Luçon).

 

* 28 diocèses ont offert un seul évêque au pays. Ce qui est cependant déjà bien (cela), quand des régions jadis très pourvoyeuses en vocations comme le Pays basque (Bayonne) ou le Morbihan (Vannes) n'apparaissent plus au tableau.

 

* En excluant les territoires ultra-marins, souvent animés par des congrégations spécialisées (Maristes, Pères de Picpus), les religieux ne sont plus très nombreux à diriger des diocèses. On ne compte plus qu'un frère dominicain (Jean Legrez, à Albi). Figurent sur la liste le chanoine de Saint-Victor Luc Ravel (Strasbourg), l'eudiste Luc Crépy (Le Puy), le bénédictin Robert Le Gall (Toulouse) et le Missionnaire de la plaine François Jacolin (Luçon). On peut ajouter deux membres de sociétés de prêtres : Marc Aillet (Saint-Martin, Bayonne) et Georges Colomb (Missions étrangères de Paris, La Rochelle). Enfin, certains portent la double casquette de leur diocèse et de l'Emmanuel.

 

* Avec 16 prêtres issus de son clergé, l'archidiocèse de Paris fournit quasiment un huitième du troupeau national. Un chiffre énorme qui peut toutefois s'expliquer au regard de la taille(,)-pléthorique de son presbyterium, et sa particularité. De nos jours, la majorité des futurs prêtres (mènent) suivent des études supérieures, le plus souvent de haut niveau, qui les envoient (souvent) généralement à Paris. Aussi, à l'heure d'entrée au séminaire, ils ne sont plus vraiment provinciaux ! Et ils ne rejoignent pas leurs diocèses de naissance, évitant, consciemment ou pas, des carrières de curés de campagne ou de villes moyennes, avec les difficultés que l'on connaît. Comme dans tous les métiers, Paris phagocyte les élites et être « de quelque part » ne résiste pas à l'attrait intellectuel, culturel... et cultuel de la capitale. Une ville dans laquelle les presbytères sont pleins et où être prêtre confère encore, si ce n'est du prestige, tout du moins un certain respect. Au regard de leur pedigree, les pasteurs de la capitale ont plus de chance que d'autres d'être appelés à monter en grade. Longtemps, les cardinaux Lustiger et Vingt-Trois ont pu obtenir de Rome les promotions de leurs collaborateurs et de leurs amis.

 

* Le contingent des 16 mitrés parisiens se remarque également par sa très faible mobilité. Quatre d'entre eux, Michel Aupetit en tête, sont au service de leur propre boutique. Antoine de Romanet est installé aux Invalides comme évêque aux Armées. Deux de leurs collègues ont tout juste franchi le périphérique à Meaux et Nanterre. Sept prélats squattent des sièges situés à une heure de train maximum : Beauvais, Chartres, Soissons, Reims (d'où Éric de Moulins-Beaufort multiplie les aller-retour à la capitale pour ses fonctions de président de la CEF), Lille, Blois ou Rennes. Respects donc aux deux plus aventureux des prélats originaires de Paris : Jérôme Beau, archevêque de Bourges, et Dominique Rey, vibrionnant évêque de Fréjus-Toulon. Les « évêchés crottés » de la France profonde peuvent toujours attendre que ces prélats quittent leur trop belle capitale.

 

(1) Plus le diocèse aux armées. Le prélat de la Mission de France est également archevêque de Sens-Auxerre.

 

(2) Sept postes épiscopaux métropolitains ne sont pas pourvus à ce jour. Il s'agit de Créteil (depuis juin 2020), Moulins (août), Amiens (septembre), Ajaccio (octobre), Séez (novembre), Versailles et Troyes (décembre).

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commentaires

F
et bien puis-je me permettre mais Mgr Rey n'est pas de Paris il est né à St Etienne! CF Wikipédia (mais pas que):"Dominique Rey, né le 21 septembre 1952 à Saint-Étienne, est un évêque catholique français, évêque de Fréjus-Toulon depuis 2000. " bien cordialement FJ
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C
Vous avez raison pour son lieu de naissance. Mais il a été ordonné pour l'archidiocèse de Paris (et pour la communauté de l'Emmanuel).

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  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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