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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 22:08

Futé – je n'ose dire malin pour un homme qui ne cesse de nous rappeler la présence pernicieuse du Diable -, le pape François sait que la question féminine est aujourd'hui capitale si l'on veut gagner la bataille de l'opinion. Il parle beaucoup des femmes et de leur rôle trop faible dans les hautes sphères de l'Eglise.


Des choses bougent au Vatican. Des bruits ont couru dernièrement qu'un organisme consacré aux droits des femmes pourrait voir le jour dans la nouvelle configuration de la Curie romaine. Et le cardinal Maradiaga, coordinateur du Conseil des Cardinaux, a évoqué dans un entretien au journal catholique britannique The Tablet (voir ici) la possibilité de confier la présidence d'un Conseil pontifical, comme celui des migrants, à une religieuse pleinement légitime sur la question.


Faut-il s'en réjouir ? Oui, sans doute, mais tout en restant modéré. Comme dans les gouvernements civiles, les femmes demeurent le plus souvent cantonnées à des responsabilités subalternes. Notre Ve République française a souvent confié à des dames les affaires sociales, la santé, le handicap. Plus rarement les postes régaliens, à quelques exceptions près comme Michèle Alliot-Marie (Défense, Intérieur et Affaires étrangères) ou Christiane Taubira (Justice).


Dans l’Église catholique, un tel pas est impossible. Ce n'est pas demain que l'on verra une femme à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi ou l'évangélisation des peuples. Pour cela, il faut être prêtre et donc homme. A fortiori pour diriger la congrégation pour le clergé ou celle dédiée aux évêques.


Le pape François peut proposer toutes les avancées possibles, comme dernièrement en multipliant les théologiennes à la Commission pontificale (5 au lieu de 2), les femmes demeureront, de droit, en situation d'infériorité par nature.

Sauf à disjoindre la question de la responsabilité ecclésiale du sacerdoce. Et nous en sommes, hélas, encore fort loin.

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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 20:45

A l'heure où nos enfants s'émerveillent devant les sapins et les crèches et rivalisent d'originalité dans la décorations de Noël, les adultes prouvent leur bêtise. Encore un fois, il se trouve des militants « laïcs » pour aller devant les tribunaux dénoncer la présence... de crèches de la Nativité dans des édifices publics.


La dernière affaire concerne le Conseil général de la Vendée, à La Roche-sur-Yon. Depuis 2012, la fédération locale de la Libre pensée bataille pour faire retirer la représentation de la Nativité dans le hall du bâtiment. Le Tribunal administratif de Nantes vient de lui donner raison, en s'appuyant sur l’article 28 de la loi de 1905. Le texte stipule l'interdit « d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions ».


Le signe est religieux bien sûr, mais on ne saurait prétendre qu'il n'est pas aussi culturel et qu'il n'appartient pas à mémoire populaire. Un bébé réchauffé par un âne et un bœuf, selon la tradition initiée par saint François, ne représente guère un signe de prosélytisme. En tout cas un symbole moins dérangeant que la Croix.


Évidemment, dans la très catholique Vendée, la puissance de l’Église a fait naître en regard des inimitiés farouches. Même si les temps changent. A la rentrée 2103, pour la première fois l'Enseignement public y a scolarisé plus d'écoliers en classes primaires que l'Enseignement privé, c'est à dire quasi exclusivement l'Enseignement catholique. Oui, les cathos sont très présents en Vendée. Mais cela vaut-il vraiment la peine de faire intervenir la justice pour une crèche ?


La bonne nouvelle est que la classe politique n'est pas loin d'être unanime pour trouver cette bataille bien mesquine. La Croix (édition du 8 décembre, à lire ici) rapporte ainsi les commentaires de l'UMP Nadine Morano - « la laïcité ne doit pas tuer notre culture, nos racines et nos traditions » - de Marine Le Pen - « les Français ne comprennent absolument pas cette exigence d’une laïcité stupide, fermée » - et du socialiste Julien Dray qui demande « une certaine tolérance » et affirme que les crèches font « partie du décorum ». « Quand j’étais enfant, il y avait des crèches (…) un peu partout. C’était une fête, pas une agression contre la religion de mes parents ni du prosélytisme catholique. Détendons-nous un peu ! », a raconté pour sa part au Parisien (article que les abonnés peuvent lire ici ) le député PS Malek Boutih, d'origine musulmane.


Sur France culture, ce lundi matin 8 décembre (à réécouter ici), le politologue Charles Coutel faisait remarquer avec justesse que la laïcité veut lutter contre la dérive cléricale de la religion, non contre la religion en tant que telle. Difficile de voir le péril clérical dans notre affaire.


Le refus de l'acharnement et d'une lecture étriquée de la loi rapprochent donc nos responsables politiques et c'est heureux. Nos juges, comme nos élus, ont d'autres chats à fouetter que de savoir si donner à voir le petit Jésus relève du prosélytisme dangereux ou d'une tradition qui perdure bien au-delà des pratiques chrétiennes dans notre pays.


Le 24 décembre au soir, dans nombres d'églises pleines, les enfants qui iront voir l'enfant de la crèche ne seront pas tous, loin s'en faux, des piliers du catéchisme. Et leur esprit sera bien loin de ces querelles de « grands » sans intérêt.

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25 novembre 2014 2 25 /11 /novembre /2014 12:29

Si elle ne transparaît pas partout dans l'Église de France, l'attitude pastorale impulsée par le pape François semble inspirer le diocèse d'Évreux. On se permettra de rappeler que celui-ci fut célèbre en son temps, au siècle dernier, pour son pasteur original : Jacques Gaillot.


Son successeur actuel Mgr Christian Nourrichard vient de valider des orientations pastorales 2015-2020 très « bergogliennes », à l'issue du synode local.


Le premier des cinq pôles (voir ici) retenus s'intitule joliment : « Une Église au service du monde ». Cela paraît banal, mais certains événement récent dans l’Église de France ont davantage donné à voir une Église au service d'elle-même, et de ses idées, que de l'ensemble de la population à laquelle elle est envoyée. Ce qui n'est pas le même projet.


La référence des fidèles du diocèse d’Évreux est clairement désignée : Diaconia 2013 et l'attention aux frères. L'orientation est claire : « Dans toutes les rencontres en Église (...), gardons le souci de l'accueil, de l'écoute, de la place des plus fragiles, de celles et ceux qui n'ont que rarement la parole... (...) Ouvrons des « lieux » d'écoute, de parole et de convivialité dans la proximité afin de permettre aux plus fragiles de s'exprimer, de prendre leur place, d'échanger, de donner du sens à leur vie et de sortir de l'isolement. »


Le diocèse normand a perçu que l'événement organisé en mai 2013 à Lourdes avait vocation à changer de façon structurelle le regard et l'action des catholiques. Priorité mise au second plan par certains obnubilés par une autre cause...


On retiendra des 3 décrets qui accompagnent ces orientations l'idée d'un Festival des sans-voix, organisé chaque 1er mai par le Service diocésain de la solidarité. On notera que le concept des « no vox » a bien plus de succès dans la gauche radicale qu'en milieu catholique. Si nombre de baptisés empruntent cette voie à titre personnel ou associatif, rares sont les diocèses qui si engagent de façon si officielle. Il conviendra quand même de ne pas faire trop de concurrence aux défilés syndicaux de la Fête du travail.


La troisième décision concrète prévoit l'accompagnement politique des chrétiens. Puisqu'une nouvelle génération de militants se lève à droite dans le sillage des manifestations contre la Loi Taubira, le diocèse saura les aider, avec leurs alter-ego de gauche, pour « pour relire leurs expériences, donner du sens et nourrir la réflexion collective, envisager des pistes d'action ou d'interpellation dans le domaine du « vivre ensemble ».


Et tout cela au service de tous nos concitoyens, du centre et des périphéries.

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24 novembre 2014 1 24 /11 /novembre /2014 20:42

Sacré Mélenchon. Inaudible sur la scène politique française, il vient se refaire la santé médiatique en s'attaquant à l'un de ses ennemis favoris, l’Église catholique. Profitant de la visite éclair à Strasbourg du pape François mardi 25 novembre, il adresse à ce dernier une « Lettre ouverte ».


D'entrée de jeu, histoire de ne pas décevoir ses fans, il attaque sa missive (à lire ici en intégralité) par un tonitruant « Monsieur le pape ». Il a du hésiter avec « Camarade Bergoglio ».


Son bienveillant « bienvenue en France » est vite éclipsé par le sujet majeur du courrier : sa protestation devant les discours prévus devant le Parlement européen et le Conseil de l'Europe.


Les choses étant posées, le militant tient à évoquer « ce qui nous rapproche au-delà de ma propre éducation initiale et de l’engagement de certains des miens, et non des moindres, dans la foi chrétienne ». Il faut se rappeler l’histoire familiale douloureuse du jeune Jean-Luc qui avait vu sa mère, paroissienne fervente, chassée sans ménagement par des prêtres après son divorce. Il s'en était confié à La Vie pendant la campagne présidentielle de 2012 (voir ici mon post sur cette interview).


Ses premières lignes sont à l'honneur du pontife, et de son pays natal. « J’aime l’Argentine, écrit le fondateur du Parti de gauche. Je m’honore de tenir d’elle l’unique décoration qui m’ait été décernée. C’est le président Raoul Alphonsin qui me l’a attribuée du fait de mon engagement pour la libération de plusieurs de vos compatriotes. Celles-ci étaient persécutées par les militaires factieux qui avaient soumis votre pays à leur dictature abominable ». Le militant sait que le jésuite, ayant eu des responsabilités assez jeune comme supérieur national de sa compagnie, s'est comporté assez honorablement durant les sombres années 70.


Puis Jean-Luc Mélenchon fait l'éloge du pape social. « J’ai entendu avec faveur votre franche critique de la domination de la société par l’argent. Votre adresse aux puissants de la terre et votre engagement par des paroles aimantes à l’égard des pauvres qui luttent pour leur dignité ont retenu mon attention scrupuleuse. J’y ai entendu l’écho de la théologie de la libération d’illustre influence ».


On se demande à ce stade de la lecture quand l'ancien candidat à la présidence de la République va lancer les anathèmes dont il est coutumier. Cela va venir. « Monsieur le pape, je ne veux pas réduire votre conviction à un seul de ses aspects. Mais je ne saurai m’adresser à vous sans vous dire comme nous sommes nombreux à être blessés par certaines de vos options négatives ». Et de lister les actions du pape contre le droit à l’avortement, l’usage des contraceptifs, le droit de choisir « d’éteindre la lumière » de sa vie, et le droit au mariage civil des personnes de même sexe.


Le militant avance un argument qui ne peut laisser indifférent. « Que les croyants chrétiens y soient hostiles et s’y refusent, je l’entends bien. Le cas échéant, je ferai tout pour leur permettre de ne pas se voir imposer le choix contraire. Mais pourquoi vouloir imposer le leur à tous les autres ? » Autrement dit quelques lignes plus loin : « L’idée de placer la loi sous la nécessité d’être conforme au dogme est une voie périlleuse pour nos sociétés et pleine de violences pour les personnes. »


On sent pointer le couplet sur la laïcité. Le voici justement. Avec un évocation toute mélenchonienne de la « loi de séparation des Églises et de l’État » (l’appellation est exacte, et c'est suffisamment rare pour le signaler). De celle-ci, le député européen retient deux points. « Elle garantit à chacun la liberté absolue de pratiquer ou de ne pas pratiquer le culte ». Ce dont tout le monde convient. « Elle (la loi de 1905) interdit absolument que la religion et la politique soient mêlées dans la vie des institutions qui doivent rester ouvertes à tous ». Ce qui est une invention des militants laïcs. La loi n'a jamais interdit aux religions de jouer leur partie dans le jeu politique, au titre d'un lobby au milieu des autres.


Il réserve pour la fin de la missive son attaque principale : la venue de François devant les institutions européennes, vécue comme une « humiliation ». « Monsieur le pape, votre place à la tribune du Parlement ne peut s’accepter dans le cadre d’une session officielle de notre assemblée. Cette impossibilité résulte de notre définition républicaine d’une assemblée de députés du peuple souverain. Vous avez la sagesse et la culture qui auraient dû vous permettre de prévoir que nombre d’entre nous seraient humiliés par un tel manquement aux règles de la laïcité indispensable d’un Parlement européen lorsqu’il inclut notamment des Français dont la loi interdit ce genre de confusion ». Une vision bien franco-française de l'espace européen.


De fait, aucun pontife de passage à Paris ne s'est avisé à prendre la parole au Palais Bourbon ou devant le Sénat. Mais le pape ne vient pas ici au pays de Voltaire. Il faudra attendre l'an prochain pour cela. Et l'on espère alors un Mélenchon en grande forme


En pied de nez final – à moins qu'il ne s'agisse de sauver son âme pécheresse (la colère comptant parmi les sept péchés capitaux) -, le camarade Mélanchon renouvelle courtoisement « ses vœux de bienvenue dans une ville française ». Avant son ultime pique : « J’aurai préféré que vous y soyez venu faire une messe dans la sublime cathédrale de Strasbourg, ce qui est dans vos devoirs, plutôt qu’un discours à notre tribune humaine, ce qui contrarie les nôtres ».


Devant le style réel de Jean-Luc Mélenchon, ses combats légitimes et ses outrances, ses envolées et ses approximations, l'observateur reste perplexe. Qu'en sera-t-il dans quelques décennies lorsque nos dirigeants, encore plus déchristianisés qu'aujourd'hui, ne pourront même plus attaquer une tradition qu'ils ne connaîtront que par quelques livres d'histoire ? On regrettera alors ce bouffe-curé utile de Mélenchon.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 12:18

« Le Pape appelle les chrétiens à sortir de l'enfouissement ». Voici le titre d'une dépêche de Radio Vatican, après l’Angélus du dimanche 16 novembre (lire l’intégralité ici ). Le pape François y avait commenté la parabole des talents (Mt 25, 14-30).


Quand on parle d'enfouissement, et pour critiquer cette posture chrétienne, mon sang de catho de gauche ne fait qu'un tour. Voici que resurgit le fameux procès. Qui plus est de la part de celui qui redonne des couleurs aux enfants du Concile, étouffés par l’ecclésiologie de l'affirmation des années Benoît XVI.


La théorie de l'enfouissement, portée notamment par l'expérience des prêtres ouvriers, consiste à vivre au milieu des gens, notamment dans leur cadre de travail, sans se présenter d'abord comme chrétien. C'est par le témoignage de fraternité en humanité (via l'engagement syndical souvent), l'altruisme et l'attention à l'autre, que peut naître – ou non - l'interrogation sur ce qui pousse ainsi ce camarade particulier. C'est alors que la foi peut être dite. Et c'est ainsi, pensent toujours certains catholiques, que l’Évangile du Christ peut retentir.


Il fallait donc y voir de plus près sur cet appel à « sortir de l'enfouissement ». Et regarder les enseignements tiré par François de cette parabole dans laquelle un « méchant » a enfoui l'argent que son maître lui avait confié sans tenter de le faire fructifier, par peur du risque et par paresse. Écoutons.


« Jésus ne nous demande pas de conserver sa grâce dans un coffre-fort, mais veut que nous l’usions à l’avantage des autres. Tous les biens que nous avons reçus sont faits pour les donner aux autres. C’est comme s’il disait : « Voici ma miséricorde, ma tendresse, mon pardon : prends-les et fais-en un large usage. » Et nous qu’avons-nous fait ? Qui avons-nous « contaminé » avec notre espérance ? Combien d’amour avons-nous partagé avec notre prochain ? Ce sont des questions qui nous feront du bien ! »


Qu'est ce que le pape demande de ne pas cacher ? Sa bannière ? Son croix ? Son étiquette ? Non. François dresse la liste de ce que des croyants dans le Christ doivent partager : miséricorde, tendresse, pardon, espérance, amour. Nul ne dit que ces valeurs pleinement évangélique ne peuvent être porté qu'en arborant avec un T-shirt « je suis catho et fier de l'être ».


« Cette parabole, a dit François, nous encourage à ne pas cacher notre foi et notre appartenance au Christ, à ne pas enfouir la Parole de l’Évangile, mais à la faire circuler dans notre vie, nos relations, dans les situations concrètes, comme une force qui met en crise, qui purifie, qui rénove ».


C'est bien la parole de l’Évangile qu'il ne faut pas enfouir, non le label catho. Et le pape ne prétend pas ici donner la recette unique pour qu'elle soit proclamée, et surtout entendue. Dans certains cas, l'affirmation préalable de son appartenance religieuse et de ses convictions est sans doute un atout pour que le message passe. Dans d'autre, elle peut, on le regrette, provoquer le rejet.


Chacun doit user de son bon sens pastoral. Les prêtres, pour parler d'eux, doivent estimer s'il est plus efficace de de promener en pull-over, en veste avec un croix discrète au revers, avec un col romain ou en soutane. Même si l'on devine ma préférence en la matière.


Le pape est suffisamment au fait des diversités pour ne condamner ici aucune des attitudes pastorales de ceux qui veulent porter la Bonne nouvelle à tous et partout.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 13:46

Je pensais, grand naïf, que les cathos pouvaient au moins s'entendre sur l'idée d'égalité entre les hommes et les femmes. Mes visites sur la toile m'ont fait déchanter. Les organisateurs de deux événements programmés en ce mois de novembre ont décidé d'attaquer la question sur des bases radicalement différentes.


Samedi 15, à Strasbourg, le CCFD Terre solidaire s'est associé avec l’Institut des traducteurs, interprètes et de relations internationales pour proposer un colloque national affichant un intitulé sans équivoque « Égalité Femmes-Hommes, un enjeu de développement » (voir la présentation ici).


On a pu y entendre des militantes venues du Burundi, de Thaïlande et d’Argentine. Ainsi que mon amie Anne Soupa laquelle devait animer un atelier sur les femmes dans la Bible.


Rien n'est surprenant quand on sait que l'ONG catholique accorde beaucoup d'importance à la promotion féminine, ayant compris depuis longtemps que les bonnes pratiques (sociales, hygiéniques, scolaires, démocratiques...) se transmettaient bien mieux et plus vite par les dames que par ces indécrottables messieurs. Et ce sous toutes les latitudes.


Une principe qui ne plaît pas toujours en milieu catholique, lequel, faut-il le répéter, pratique une discrimination sexiste à l'embauche dans ses postes de cadres assez anachronique en milieu occidental.


Il se trouve que, quelque jours après les échanges en Alsace, une grande soirée est annoncée à Marseille. Les promoteurs en sont les frères dominicains qui animent le Centre Cordier. Le 20 novembre, la rencontre est intitulée «L’égalité homme-femme : une invention ou un échec de la société occidentale ? » (voir l'annonce ici).

Changement de ton. L'égalité tant cherchée à Strasbourg se retrouve à Marseille à la barre des accusés. Au mieux, elle n'existe pas. Au pire, elle fut une erreur. Voila qui ne laisse pas grande chance à la prévenue.


Cette fois, pas de militants ou d'experts déjà convaincus mais des responsables politiques de tous bords, et des religieux. On retrouvera l’insubmersible Jean-Claude Gaudin, le héros FN des dernières municipales Stéphane Ravier, et une sénatrice du Front de Gauche, Isabelle Pasquet, dont on se demande comment elle a pu accepter un tel traquenard.


Certes, la sénatrice ne sera pas la seule femme à la tribune. On remarque la présence de Sr. Marie-Madeleine Barrère, Prieure de la Fraternité Notre-Dame des Prêcheurs, communauté dominicaine basée à Pau. On s'attend que cette dernière se comporte en féministe revendicatrice, capable de démonter sans souci le présupposé de la soirée. Et ainsi remettre à leur place tous ses hommes qui voudraient que rien ne change quant à leur pouvoir.

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 21:27

Alors que nos évêques ont admiré comme des merveilles la poignée de courageux qui se lancent dans l'aventure périlleuse du sacerdoce presbytéral, de l'autre côté de l'Atlantique, on est passé à l'étape suivante.


Tout le monde sait, depuis des décennies, que l'Eglise catholique en France ne pourra plus (et c'est déjà le cas par endroit) fonctionner selon les règles actuelles. Faute de ministre pour administrer les sacrementts, lesquels sont au coeur de l'expérience catholique.


Jusqu'alors, les réponses apportées ont montré leur innéficacité. Les prières pour les vocations, la sensibilisation auprès de la jeunesse masculine (1), la culpabilisation insidieuse des bonnes familles catholiques. Tout ceci a échoué.


La seule solution efficace est l'importation de prêtres venus d'Afrique, d'Asie et de Pologne (cette dernière filière est en voix d'essoufflement, la baisse des vocations commençant à toucher le pays de Karol Wojtyla). Cette présence, "avec ses atouts et ses défis" (Mgr Pontier, devant la presse) a d'ailleurs été abordée par les évêques lors de leur semaine à Lourdes (voir ici l'article consacré par La Croix à ce dossier). Les prêtres venus d'ailleurs représentent 10% des ministres en exercice dans les diocèses, ce qui n'est pas rien.


On ajoutera, dans une moindre mesure, l'apport des communautés nouvelles comme celle de Saint-Martin. Dans bien des diocèses dans la panade, on s'arrache ces beaux jeunes gens qui affichent la fierté d'être prêtre et qui savent jouer au foot en soutane. Accrochez vous, cher lecteur, je vais dire du bien de la communauté Saint-Martin. Celle-ci a choisi d'envoyer des celulles de plusieurs prêtres en mission, afin de leur éviter de vivre dans la solitude la redoutable confrontation entre l'idéal présenté au séminaire et la réalité du terrain. Ce qui est très pertinent.


Venons-en à notre traversée de l'Atlantique. Quand il apparaît à la loggia de Saint-Pierre le 13 mars 2013, José Mario Bergoglio fait apparaître à ses côtés un prélat brésilien, le cardinal Claudio Hummes. L'ancien préfet de la Congrégation pour le Clergé du Vatican, aujourd'hui archevêque émérite de São Paulo, est toujours actif à 80 ans. Son combat : faire avancer la cause de l'ordination des viri probati (littéralement « hommes expérimentés »), ses fidèles sages, formés, mariés le plus souvent, qui pourraient remplir les fonctions du prêtre, notamment en administrant les sacrements.


Cette idée ne choque pas plus que cela le pape. En effet, une expérimentation dans ce sens a été lancée en Amazonie. L'histoire est racontée, en italien, par la vaticaniste Marco Tosatti de la Stampa (lire ici). Mgr Erwin Kraeutler, missionnaire d'origine autrichienne, évêque de Xingu, a raconté avoir parlé d'un projet audacieux au pape. Ces viri probati pourraient « assurer l'assistance spirituelle » dans une vaste région qui ne compte que 27 prêtres pour 700.000 fidèles et 800 communautés. Lesquelles ne célèbrent l'eucharistie que deux à trois fois par ans !!


Une situation que connaissent depuis longtemps les petites communes rurales et désormais bien des chefs lieu de canton. Penser notre vieille France comme terre de mission et lui donner des cadres légitimes quand on ne peut offrir des prêtres : telle est la révolution psychologique que devraient mener nos évêques. Et sans attendre.


(1) Au point que la question des vocations est intégrée à la pastorale des jeunes dans l'organigramme de l'épiscopat. Comme si les jeunes garçons étaient vu comme des candidats potentiels autant que des chrétiens à accompagner dans leur chemin de foi.

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 08:25

Il est encore quelques domaines dans lesquels le pape François n'a pas tout révolutionné au Vatican. La communication reste imprévisible et incohérente.


Onze jours après la clôture du synode extraordinaire des évêques sur la famille (lire ici nos conclusions sur le site de Témoignage chrétien), il est impossible de lire le texte final en français.


Non que celui-ci soit caché aux journalistes. La Conférence des évêques de France n'en disposait pas le 29 octobre, jour où la presse était invitée à entendre les deux évêques tricolores présents : le cardinal André Vingt-Trois, nommé coprésident délégué par le pape, et Mgr Georges Pontier, en tant que président de l'épiscopat national.


Ainsi donc les évêques du synode se sont prononcés uniquement à partir de la version italienne, seule existante alors. On peut se demander si tous avaient le niveau requis dans la langue de Dante.


Le rapport d'étape du cardinal Erdö, le fameux Relatio ante disceptationem (voir le texte intégral ici et notre commentaire, toujours dans Témoignage chrétien, ici ), si critiqué, a lui été disponible immédiatement en français. Ce que le cardinal archevêque de Paris a regretté devant la presse. Pourquoi donc le texte final, bien plus important et plus légitime que le précédent, n'a pas eu cet honneur ?


Il est possible que la Documentation catholique propose une traduction officieuse en français avant le secrétariat du synode, seul habilité à fournir une version officielle.


Ainsi donc il est demandé aux évêques de faire travailler leur fidèles – comme dans le diocèse de Paris (lire ici la lettre adressée aux curés par l'archevêque) – à partir d'un texte disponible uniquement en italien.


Les mauvaises langues pourraient y voir une nouvelle facétie papale : diffuser au mieux les textes les plus audacieux (et faisant hurler les conservateurs) et traîner des pieds pour les documents plus consensuels. Mais ce n'est que médisance et ce blog ne tombera pas dans ce travers bien peu évangélique.


On se contentera de signaler que la pauvreté demandée par François existe dans les services administratif du synode.

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 08:18

Anne Soupa et Christine Pedotti, cofondatrices du Comité de la jupe (ici), puis de la Conférence catholique des baptisés francophones (ici), ont annoncé le 23 octobre leur décision d'entreprendre un jeûne eucharistique jusqu'à la deuxième session du synode des évêques. Elle vont se priver volontairement de recevoir le corps du Christ (1). Pour l'occasion, elle ont le blog communion pour tous (ici).


La bibliste et la romancière-essayiste posent ce geste rare pour « entrer en communion avec tous ceux et celles qui sont exclus de ce repas au motif que leur situation matrimoniale et familiale n’est pas conforme aux règles ». Les deux militantes veulent volontairement partager le sort peu enviable des divorcés-remariés et les homosexuels vivant en couple.


Elle se situent dans une situation évoquée lors du récent synode romain : la « communion de désir ». Celle-ci « consiste à s'unir d'intention à la communion eucharistique sans y participer réellement ». C'est dans cette entre-deux, qu'elles jugent « piètre » quand il est un réponse par défaut, qu'elles se placent désormais.


Le blogueur Meneldil Palantir, animateur des Chroniques ardoriennes (à découvrir ici) et proche des deux rebelles, a choisir de suivre également ce chemin. Il annonce dans son billet du 23 octobre (lire ici) l'intention de se rendre désormais à la messe avec un badge arborant « Communion pour tous » ou bien, son choix n'était alors pas encore fait, « Je suis solidaire des exclus de la communion eucharistiques : homosexuels et divorcés remariés ».


Ceci ne l'empêche pas de s'interroger sur les limites d'un geste assez douloureux spirituellement. « Fort pour les catholiques, et sans doute plus généralement pour les chrétiens pratiquants », un jeûne eucharistique demeure « très vide et inutile à tous les autres ». Mais l'auteur explique que le coup est destiné aux autorités et aux fidèles catholiques. Et que dans ce cadre, il « devrait donc toucher son public ».


« Ce n'est pas en nous privant de la communion qu'on l'accordera davantage à d'autres », remarque le blogueur, qui avance toutefois que le « jeûne est aussi un acte de solidarité avec ceux que l'on affame » ?


La notoriété des instigatrices de cette position, et le réseaux qu'elles représentent, va sans doute provoquer un petit mouvement. Ne s'apparentant pas à une grève de la faim, le geste est non-violent. « Nous ne demandons rien à personne », écrivent Anne Soupa et Christine Pedotti, «sinon à Dieu dans la prière qu’il nous éclaire et fasse connaître ce qui est bon pour son Église ».


Un tel boycott de l'eucharistie ne sera pas massif. Mais il témoigne d'une volonté clair de peser dans l'année qui vient. Puisque désormais les réflexions des évêques réunis durant 15 jours à Rome doivent être débattues dans les Églises locales, tout le monde a son mot à dire. Pas seulement les évêques et prêtres.


(1) Le terme de jeûne eucharistique était employé jadis pour exiger de se présenter à jeun pour communier à la messe dominicale.

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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 07:04

C'est sans doute un réflexe journalistique. Quand je parcours une revue diocésaine, je consacre toujours quelques minutes à l'agenda de l'évêque. Les prélats ont un point commun avec les ministres : ils rendent public leur programme prévisionnel, histoire sans doute de prouver qu'ils travaillent.


Un évêque a rarement l'occasion de s'ennuyer. D'autant que pour (presque) chaque rendez-vous de l'agenda, il faut ajouter la préparation d'un discours ou d'une homélie.


Je me suis attardé sur le programme du mois d'octobre de Mgr Philippe Barbarin (voir ici), publié dans la dernière livraison d’Église à Lyon (1).


Sans surprise, les week-end sont très chargés : un anniversaire d'église, une inauguration de bâtiment, une confirmation, un hommage à un chanoine, la messe de rentrée des étudiants et jeunes professionnels.


En semaine, il faut compter avec le conseil épiscopal (trois séances ce mois-ci) et le conseil presbytéral, avec les réunions avec les LEME (Laïcs en mission ecclésiale) et deux visites au Séminaire inter-diocésain, dont une, le 1er octobre, avec ses collègues de la Province.


Mgr Barbarin, et c'est une chance, est à la tête d'une région pluri-religieuse. Ce qui lui offre la joie de participer à une table-ronde à Vichy pour le centenaire du Temple protestant et d'une réunion du Comité des responsables d’Église à Lyon, récemment mobilisés autour des croyants en danger en Irak.


Personnalité locale qui compte, le Primat des Gaules entretient ses réseaux civils. C'est pourquoi, il a assisté à la cérémonie d'accueil de la nouvelle Procureur auprès de la Cour d'appel et il s'apprête à faire de même pour honorer le nouveau commandant de la Compagnie de Gendarmerie du Rhône et le nouveau Consul général d'Allemagne. Des rencontres plus légères, sans discours, durant lesquelles l'archevêque n'est pas au centre des regards.


Mgr Barbarin, homme de médias, a prévu de s'arrêter par deux fois devant les micros de RCF pour enregistrer ses chroniques. Et il a rencontré la presse locale pour le lancement d'une nouvelle chaire à la Catho, dédiée au théoricien chrétien de l'écologie Jean Bastaire, décédé il y a peu.


Le Cardinal jouit aussi d'une aura internationale. Celle-ci va l'amener à inaugurer les Semaines sociales espagnoles à Alicante le 23 Octobre, après quelques rencontres la veille à Madrid. Trois jours plus tard, direction Rome dans le cadre d'un pèlerinage provincial. Avec une intervention à l'Institut pontifical Jean-Paul II, histoire de rentabiliser le billet d'avion.


Ça sera tout ? Pas du tout ! Le 12 octobre, l'archevêque a achevé une petite semaine de visite pastorale à Bron.


Et il reste une place pour lui et les siens dans ce programme délirant. Le 25 octobre, il doit célébrer un mariage familial. Aucune autre activité ne figure à l'agenda ce jour-là. On espère que les convives auront le bon goût de ne pas trop lui parler boulot.


(1) Cette revue est une des plus réussies du genre. Elle profite du travail d'une équipe de communication, quand des diocèses plus pauvres confient la tache à un prêtre déjà débordé.

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  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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