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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 16:54

Father Ted était une série humoristique britannique, hilarante et joyeusement anti-cléricale. Dans une île perdue en Irlande, Ted, curé opportuniste, Dougal, jeune vicaire débile et un vieux prêtre aussi odieux qu'alcoolique et libidineux vivent des aventures délirantes, avec une gouvernante hystérique.

 

Dans l'épisode Speed 3, le vicaire crétin se trouve au volant d'un véhicule de laitier, piégé par une bombe ! Il ne peut ralentir son camion sous peine d'explosion. Informé par le poseur de bombe, Ted appelle à l'aide des prêtres voisins. Et l'on voit débarquer à côté du camion fou, trois prêtres en aube célébrant la messe sur un autel roulant. Sans aucun effet miraculeux. De retour au presbytère, les trois hommes d'Église se relaient devant un tableau noir pour trouver une solution à la crise. Les minutes passent. Une seule réponse s'impose toujours : dire la messe, dire une autre messe. On peut voir cette épisode ici (dans réglage, on peut installer des sous-titres en français).

 

Pendant la crise que vit notre monde, il semble que l’Église catholique, à l’image des ces Irlandais de comédie, ne sache faire que cela. Les évêques font des pieds et des mains pour retransmettre via la toile « leur » célébration, seuls face à un cameraman. Un prélat a même enjoint ses « amis » sur la page Facebook de son diocèse de multiplier les « j'aime » pour pouvoir, comme ses camarades, diffuser une messe en direct sur le réseau social. Dans son communiqué à la veille des Rameaux, l'épiscopat s'est félicité de proposer plus de 300 cyber-célébrations de l'entrée de Jésus à Jérusalem !! Voici qui va grandement aider notre société apeurée.

 

Pour ceux qui ne peuvent aller à l'église, Le Jour du Seigneur et KTO portent cette responsabilité toute l'année. Ils savent le faire et le font bien. À quoi sert cette course à la vidéo-messe ? Ne peut-on penser une autre présence que cette cérémonie laquelle, privée de la présence du peuple de Dieu, perd une grande partie de sa pertinence ?

 

À cette interrogation, on m'objecte que les prêtres, de toute façon, célèbrent tous les jours la messe. Oui. Mais en quoi cela signifie-t-il qu'il convient de continuer ainsi sans jamais s'interroger ? Aujourd'hui, c'est la pandémie qui empêche les fidèles d'assister à l'office, mais demain, ce sera la majeure partie de la population française qui ne pourra le faire, faute d'officiants.

 

Les temps de crise, nous disent les penseurs, permettent de changer nos modes de vie et de pensée. Nombre d'observateurs assurent que rien ne sera plus comme avant l'irruption dans nos vies du Covid 19. Déjà en crise multi dimensionnelle avant ce printemps funeste, l’Église catholique sera-t-elle la seule à maintenir ses pratiques à l'identique ?

 

On ne peut décemment rien attendre de Rome, au cœur d'une Italie dévastée, où l'on tente plus de survivre que de penser les réformes. Mais c'est alors aux évêques, ainsi qu’aux prêtres et fidèles bien entendu, notamment de France, de proposer une autre manière de dire la sollicitude des catholiques envers le monde en pleurs. Pas se concentrer sur l'exploit technique du maintien, en moins bien, de ce qu'on a toujours fait.

 

Quand j'ai testé cette idée iconoclaste sur twitter, un contradicteur m'a répondu : « La célébration de la messe est le cœur de la vie du prêtre, sa raison d'être. Pourquoi voulez-vous qu'ils soient ailleurs ? Diffusées ou non, leurs messes seront bien évidemment célébrées, pour le plus grand bonheur de tous ». La première phrase prête déjà à discussion, avec son caractère bien plus auto-centré que pastoral. Passons. Le « bien évidemment » et le « bonheur de tous » me font penser à l'orchestre sur le pont du Titanic. Coulons avec nos certitudes comme bouée de sauvetage.

 

Cette bien étrange Semaine sainte se prête peu à la révolution. Je vous invite à étudier la proposition d'Anne Soupa, qui propose de fêter « Pâques, mais après la fin du confinement » (à lire ici). Je compte sur l'arrivée prochaine de l'Esprit-Saint, qui devrait résister à la contamination, pour amener un grand courant d'air frais.

 

 

 

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commentaires

Y
La messe est toujours le renouvellement non-sanglant du Sacrifice du Calvaire, un « motif » (mot bien faible) toujours suffisant de la célébrer, motif qui explique par ailleurs que c'est une coutume établie de l'Eglise romaine.
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S
Heureux de t'avoir "retrouvé" Philippe . Bien qu'ayant eu des nouvelles de vous toutes et tous par la Rue de Chambéry ! Je ne me prononce pas (encore) sur ton article , mais j'ai aimé y retrouver ton esprit d'analyse libre et rétif aux poncifs ! Plus personnellement nous espérons que vous confinez bien , que vous vous portez de même et embrassons toute la famille.
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  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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