La question de l'homosexualité continue de déchaîner les passions dans certains milieux catholiques. La semaine dernière, un scandale a secoué un lycée catholique de Neuilly-sur-Seine. Les élèves de classe de première du Lycée Sainte-Croix Notre Dame (voir ici son site) se sont vu remettre l'ouvrage « Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle », du Père Jean-Benoît Casterman, membre de la communauté Saint-Jean, publié aux éditions des Béatitudes. Proposé lors d'un cours de catéchèse, cet opuscule tient un discours stupéfiant sur l'homosexualité.
Si l'auteur note que « personne ne choisit une tendance homosexuelle », ce sera son seul éclair de lucidité. Car son explication du phénomène – inexplicable pour l'ensemble de la communauté scientifique - fait bondir. « L’homosexualité résulte surtout d’une évolution psychique marquée par l’influence excessive ou insuffisante du père ou de la mère dans l’enfance; ou suite à des perversions d’adultes qui ont provoqué une attirance pour le même sexe, ou une répulsion pour l’autre sexe ». Un ramassis de clichés.
Pour le P. Casterman, une tendance homosexuelle à l'adolescence «n’est pas irrémédiable et peut être surmontée ». Le funeste discours sur la guérison survit donc. Affirmant doctement que « l’épanouissement sexuel n’est totalement possible que dans l’altérité homme/ femme, qui est psychique autant que physique », le prêtre conclut son propos en affirmant que « l’homosexualité sera toujours problématique pour l’épanouissement sexuel et conjugal, et pour l’épanouissement des enfants».
On peut imaginer l'effet dévastateur d'un tel discours sur un(e) jeune homosexuel(le) pour qui la vie est déjà bien difficile. De tels propos peuvent pousser à des gestes irréparables, comme alertent depuis longtemps les spécialistes des tendances suicidaires adolescents.
Hélas, ce n'est pas la première fois que de telles idées sont colportées dans des établissements scolaires. Lors du débat autour de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, on a attendu des propos homophobes dans certains établissements. Parfois, la participation aux manifestations d'opposants à la loi était rendue obligatoire pour les personnels et fortement conseillée aux élèves. J'ai eu l'occasion de l'évoquer dans mon ouvrage « Mariage pour tous, divorce chez les cathos » (Plon).
Dans le cas du lycée de Neuilly-sur-Seine, la sagesse a fini par prévaloir. Dans un communiqué publié samedi 25 février (à retrouver ici), le chef d’établissement Pierrick Madinier s'est fermement désolidarisé de la diffusion de l'ouvrage, « dont les contenus ne reflètent en rien la réflexion que nous voulons conduire avec nos élèves. Plusieurs des propos qui y sont tenus sont pour certaines et certains offensants ou blessants ». Hommage donc à ce responsable qui a présenté ses regrets « à ceux qui se sont sentis offensés ou qui ont été choqués » par cette vision bien peu chrétienne.
Cet incident vite et bien réglé rappelle à tous les éducateurs à être bien attentifs devant un public très sensible aux questions d'identité et de norme sexuelle. Alors qu'elle progresse dans sa protection des enfants vis-à-vis des prédateurs sexuelles, l’Église catholique ne peut laisser circuler des propos blessants ou idiots à l'égard des orientations minoritaires.