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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 06:56

 

On a beau le savoir, cela demeure toujours aussi difficile à admettre. L’Église catholique est une gérontocratie. Une petite info relevée par le Carnet de La Croix (24 septembre) montre que cette réalité demeure.

 

On y apprend que, vendredi 21 septembre, la Confédération bénédictine, qui regroupe 23000 disciples de saint Benoît, a décidé de réélire à sa tête l’Allemand Notker Wolf [http://fr.wikipedia.org/wiki/Notker_Wolf], pour quatre ans. L'homme est âgé de 72 ans et assure la fonction de primat depuis 12 ans déjà. A voir sa photo, le P. Wolf jouit d'une bonne forme physique. Guitariste et flûtiste, il a participé à un groupe de rock il y a quelques années, montant sur scène à l'occasion. Sans doute était-il plus fringuant à 60 ans, quand il a pris son poste, qu'il le sera en 2016, quand il aura 76 ans et achèvera son mandat.

 

Un tel choix est décevant de la part du monde monastique dont la tradition permet ainsi à des anciens hauts responsables de redevenir simple moine sans disgrâce aucune. Chose impossible pour un évêque. S'il ne fut que quatre ans à la tête de l'Ordre dominicain, le frère Timothy Radcliffe fait bien mieux rayonner sa vision du monde aujourd'hui que s'il était resté en responsabilité.

 

Au moment où l’Église catholique se penche sur la question de la nouvelle évangélisation, l'heure n'est toujours venu au rajeunissement des cadres. On observe même parfois le phénomène inverse. A Rome, le pape rechigne à remplacer ses principaux collaborateurs qui ont dépassé l'age légal de la retraite chez les prêtres : 75 ans. On pense ainsi au numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, lequel devrait jouir de la retraite depuis... décembre 2009. Et la plupart des chefs de congrégations ou de conseils pontificaux ont passé les 70 ans.

 

On se souvient que durant les dernières années de son pontificat. Jean Paul II, malade, avait refusé de se séparer de sa garde rapprochée, qu'elle soit au Vatican – Joseph Ratzinger avait vu sa démission refusée – ou ailleurs, comme à Paris ou le cardial Lustiger, également souffrant, a du jouer les prolongations à contre cœur. Actuellement, les cardinaux-archevêques de Cologne, Lisbonne, Madrid, Buenos-Aires, Chicago ont La Havane ont dépassé l'âge légal.

 

Hélas, l’exception va bientôt devenir règle. Le Vatican se prépare à acter que la limite des 75 ans, sagement fixée par Paul VI en 1966, pourrait être dépassée sans souci pour certains postes jugés pas trop exigeant physiquement. À la Curie dans un premier temps, et peut-être dans les diocèses. De quoi fait penser au mandat à vie, en vigueur dans nombre d’Églises orientales.

 

Déjà en France, un prélat en bonne santé physique de 75 ans ne voit pas sa démission acceptée avant plusieurs mois. A fortiori, si le diocèse est important. Il va bientôt falloir apporter un certificat médical pour être décharger de sa mission !

 

Sans parler de l'image donnée, la prééminence des anciens est un handicap pour que l'institution jouisse d'une bonne compréhension de la situation et des évolutions d'un monde. Surtout quand celui-ci qui tourne dix fois plus vite qu'à l'époque où les vieux messieurs qui dirigent l’Église ont étudié dans des séminaires souvent peu ouverts à leur temps.

 

En Occident, les peuples se dotent de chefs politiques plus près de 60 que de 80 ans. Le suffrage universel faisant le reste pour éviter les trop longs baux. Dans les hautes sphères catholiques, il revient à la structure même de réguler l'âge de ces cadres.

 

Sauf à vouloir fournir une nouveau motif de procès en archaïsme.









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commentaires

F
Question pas toujours simple que celle de l'âge de nos dirigeants. Ainsi, Jean 23 n'était pas tout jeune et pourtant...Ceci dit, il est incontestable que la gérontocratie ecclésiale pose problème.<br /> Surtout qu'en plus il s'agit d'une phallocratie. Dans l'aumônerie des prisons, -où je suis missionné- l'âge de 75 ans impose absolument de cesser au jour même de l'anniversaire ses fonctions et<br /> c'est sage. Dans la société civile, on voit aussi des septuagénaires s'accrocher à leur poste mais la plupart de nos dirigeants politiques sont quand même beaucoup plus jeunes : quinqua ou<br /> sexagénaires pour la plupart. Et n'oublions pas que Louis 14 n'avait que 23 ans quand il prit les rênes du royaume de France et ce ne fut pas un incapable (bien qu'il y ait beaucoup à dire à son<br /> sujet). Autre question pour l'Eglise catholique de France : les jeunes prêtres actuels ne sont pas, comme dit un ami, à la "fine pointe de l'extrême avant-garde" et de loin ! Ils sont beaucoup plus<br /> conservateurs que la génération précédente : tous plus ou moins charismatiques, évangéliques, prosélytes, pieux, et parfois même légèrement fondamentalistes dans leur lecture de la bible. C'est<br /> parfois désespérant dans certains coins du diocèse : on se trouve coincés entre le vieillissement des prêtres de la génération du Concile et ceux de la génération JP 2, qui, comme dit un diacre que<br /> je connais "sont déjà au ciel".
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