Un prêtre, dans mon diocèse de naissance en plus (Bordeaux), a réussi à m'énerver pendant mes vacances en famille. Le quotidien Sud Ouest du 9 août (ici) nous apprend qu'un concert en hommage à Georges Brassens n'a pu se tenir le lendemain 10 comme prévu dans l'Abbatiale de Vertheuil, dans le Médoc. Le P. Bruno Delmas, curé du secteur de Pauillac, en charge du lieu de culte et à ce titre seul à pouvoir autoriser son utilisation à des fins culturelles, a refusé que retentissent dans l'église les paroles de, selon ses mots, « l'homme qui a milité toute sa vie contre la religion » (1)
Ce n'est pas la première fois qu'une histoire pareille survient. Les choristes savent que leurs programmes doivent être adoubés par le curé du lieu du concert sous peine de déconvenue. Mais il serait temps que cela change.
Si la confession catholique est la principale utilisatrice des églises construites avant 1905, celles-ci ont été bâties hier par et pour toute la communauté. Ceux qui ont sué à les édifier comme ceux qui les ont financé n'étaient pas nécessairement de pieux fidèles.
Aujourd'hui, les édifices sont entretenus par les communes, quelles que soient les convictions religieuses des élus et des contribuables. Et les catholiques médocains sont bien contents que, depuis 1974, existe, pour le bien de l'édifice, l’association des Amis de l’abbaye de Vertheuil. Celle-là même qui organisait la soirée Brassens.
On ne peut pas tout faire dans une église... durant un culte. Entonner un succès du chanteur sétois durant un mariage religieux peut effectivement relever du mauvais goût. Mais dès que l'église redevient lieu de rassemblement de toute la communauté, elle doit pouvoir accueillir largement la culture de notre temps.
Par ce moyen, les catholiques peuvent montrer une ouverture d'esprit, qui n'a pas fait merveille chez certains dernièrement.
Finalement, l'hommage au créateur de « La mauvaise réputation » a pu se tenir le bon soir, non loin de l'église, grâce à une aide expresse du Conseil général. Ses dirigeants, socialistes, ont du se réjouir de contourner ainsi un obscurantisme idiot.
(1) Il faudra apprendre à ce prêtre la nuance majeure entre l'anticléricalisme proféré par Brassens, défiance envers les Églises (et spécifiquement la dominante), et la lutte contre la religion. "Je ne suis pas du tout l'antéchrist de service", peut-on entendre dans une chanson (texte ici), présente dans l'album posthume des textes de Brassens, interprétée par Maxime Le Forestier.