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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 07:19

Un prêtre, dans mon diocèse de naissance en plus (Bordeaux), a réussi à m'énerver pendant mes vacances en famille. Le quotidien Sud Ouest du 9 août (ici) nous apprend qu'un concert en hommage à Georges Brassens n'a pu se tenir le lendemain 10 comme prévu dans l'Abbatiale de Vertheuil, dans le Médoc. Le P. Bruno Delmas, curé du secteur de Pauillac, en charge du lieu de culte et à ce titre seul à pouvoir autoriser son utilisation à des fins culturelles, a refusé que retentissent dans l'église les paroles de, selon ses mots, « l'homme qui a milité toute sa vie contre la religion » (1)


Ce n'est pas la première fois qu'une histoire pareille survient. Les choristes savent que leurs programmes doivent être adoubés par le curé du lieu du concert sous peine de déconvenue. Mais il serait temps que cela change.


Si la confession catholique est la principale utilisatrice des églises construites avant 1905, celles-ci ont été bâties hier par et pour toute la communauté. Ceux qui ont sué à les édifier comme ceux qui les ont financé n'étaient pas nécessairement de pieux fidèles.


Aujourd'hui, les édifices sont entretenus par les communes, quelles que soient les convictions religieuses des élus et des contribuables. Et les catholiques médocains sont bien contents que, depuis 1974, existe, pour le bien de l'édifice, l’association des Amis de l’abbaye de Vertheuil. Celle-là même qui organisait la soirée Brassens.


On ne peut pas tout faire dans une église... durant un culte. Entonner un succès du chanteur sétois durant un mariage religieux peut effectivement relever du mauvais goût. Mais dès que l'église redevient lieu de rassemblement de toute la communauté, elle doit pouvoir accueillir largement la culture de notre temps.


Par ce moyen, les catholiques peuvent montrer une ouverture d'esprit, qui n'a pas fait merveille chez certains dernièrement.


Finalement, l'hommage au créateur de « La mauvaise réputation » a pu se tenir le bon soir, non loin de l'église, grâce à une aide expresse du Conseil général. Ses dirigeants, socialistes, ont du se réjouir de contourner ainsi un obscurantisme idiot.


(1) Il faudra apprendre à ce prêtre la nuance majeure entre l'anticléricalisme proféré par Brassens, défiance envers les Églises (et spécifiquement la dominante), et la lutte contre la religion. "Je ne suis pas du tout l'antéchrist de service", peut-on entendre dans une chanson (texte ici), présente dans l'album posthume des textes de Brassens, interprétée par Maxime Le Forestier.

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commentaires

G
Brassens a été élevé par une mère très pieuse en école catholique : il connaît bien leurs excès qui entrave la liberté de conscience ou des mystères qui empêchent la compréhension des faits religieux et à juste titre c'est contre cela que portent ses récriminations. Mais il porte une grande estime aux croyants qu'il respecte. Le gros problème est que mort ou vif l'Eglise ne cesse d'exclure c'est pourquoi c'est inacceptable. La finesse eut été de permettre le récital et de l'inclure dans une forme de nouvelle évangélisation avec des panneaux reprenant tout ce qui est positif chez Brassens qui aurait pu susciter la bénédiction de l'Eglise mais pour cela il faut être bienveillant, accueillant et prendre du temps pour écouter et l'annoncer comme une bonne nouvelle...
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G
La Nouvelle Evangélisation c'est partir du travail de l'Esprit Saint sur la personne qui est engendrée et qui devient l'homme nouveau qui a revêtu le Christ : qui peut affirmer que l'Esprit Saint n'a pas travaillé Georges Brassens aussi car le Christ n'est pas venu pour les biens portants mais pour les mécréants c'est pourquoi, je suis certaine qu'il a dû recevoir des appels comme tout être humain d'ailleurs...
A
(hmmm, mais le coup des panneaux dans la nef reprenant tout ce qu'il y a de positif dans un peu tout et n'importe quoi, ce n'est pas vraiment de la "nouvelle" évangélisation, si ?)
F
Je pense que l'homme qui a aidé Brassens à un moment difficile de sa vie et qui a suscité la chanson sur l'auvergnat, a fait beaucoup plus pour Brassens que les quolibets jadis et actuellement jetés.
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A
S'il m'est permis, je relèverai quelques erreurs dans votre propos :<br /> <br /> . on ne peut pas tout faire dans une église... tout court. Que ce soit pendant les offices ou en-dehors des offices.<br /> Tout simplement parce que l'église n'est pas une simple enveloppe, neutre, n'ayant aucun sens en elle-même. S'il existe un rituel pour désacraliser définitivement une église, c'est bien parce que, avant cela, elle est considérée comme un lieu à part, aussi bien pendant les offices qu'en-dehors.<br /> <br /> Les offices sont un temps encore plus à part, dans un lieu qui est de toute façon un espace à part.<br /> <br /> <br /> . Là où ce prêtre commet sans doute la même erreur que vous, c'est que les opinions de Georges Brassens n'ont en fait rien à voir avec tout ça : on ne jouerait pas plus Henri Dès dans une église. (pourtant pas très licencieux)<br /> <br /> <br /> . C'est vrai, ceux qui ont édifié ces lieux n'étaient pas tous de pieux fidèles... dans leur vie de tous les jours, en-dehors de l'église.<br /> Par contre, s'ils s'adonnaient à la boisson, ou au jeu, ou recevaient leur maîtresse, dans l'église, même en-dehors des offices, je pense que ça aurait été assez mal vu à leur époque.<br /> <br /> Je ne vois donc pas bien en quoi cette remarque permettrait de démontrer (??) qu'on peut faire n'importe quoi dans une église en-dehors des offices : vous confondez le fait qu'aucun d'entre nous ne soit un saint, avec l'attitude adoptée par chacun dans l'église.<br /> <br /> <br /> Du fait de ces quelques menues erreurs, j'ai bien peur que tout votre propos tombe un peu à l'eau.
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M
D'autant plus que si Brassens était contre la religion, il n'était pas contre les religieux en général. Pensons par exemple à &quot;la messe au pendu&quot;
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  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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