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9 février 2016 2 09 /02 /février /2016 08:24

Revoici donc les Poissons roses. A sa création en 2010, ce lobby catho (et ouvert à d'autres) voulait investir le PS. Las, sans succès. La culture politique française est ainsi faite qu'elle rejette les greffes religieuses (voir ici l'article que nous écrivions en 2011) et le Parti, alors dans l'opposition, a vite fait comprendre qu'il ne voulait rien entendre de ces drôles de cathos. A fortiori quand le débat autour du mariage a surgi.


Bref, on croyait le bocal vide. Et ses locataires resurgissent à travers un livre collectif, A contre-courant, publié aux éditions du Cerf (voir ici) .


Les Poisons roses sont désormais présidés par Patrice Obert, haut-fonctionnaire, lequel s'est expliqué la semaine passée dans les colonnes de La Vie (à retrouver ici).


Au regard de l'état actuel du PS, toute proposition mérite d'être entendue. Tout d'abord, en jouant sur une identité flottante très à la mode : « Nous affichons un positionnement à gauche, mais nous ne voulons pas être mis dans des cases », explique Patrice Obert en assumant que la moitié – seulement – de ses troupes se revendique du PS.


Que veulent-ils faire ? Que peuvent-ils faire avec leur petite centaine de militants, certes «insaisissables» au dire de leur chef, mais guère armés au milieu des luttes entre valsiens et frondeurs ? « Avant de parler d'organisation, de politique, il fallait essayer de réfléchir sur le fond et de construire un projet. C'est ce qui manque à l'heure actuelle », assène le poisson en chef. Il n'est pas seul à s'exprimer ainsi, mais cela ne fait pas de mal.


D'où un programme en sept points (chiffre biblique..). Certains sentent la bonne gauche : revenu de libre activité pour tous, revitalisation démocratique. D'autres sont plus marqués cathos : famille durable, communauté fédérale européenne ; goût d'entreprendre au service du bien commun et la création de valeur durable. Un vocabulaire issu de la pensée sociale de l'Église.


Est-ce à dire que ces poissons-là ne sont que doux rêveurs, fuyant les luttes d'appareils ? Pas tout à fait car ils appellent avec d'autres à une primaire à gauche. Patrice Obert et ses ouailles souhaitent « que la gauche soit en mesure de présenter un vrai programme, qu'elle soit porteuse d'une espérance. Le monde est tellement défaitiste, triste. Nous sommes convaincus qu'il y a des raisons d'espérer ». Par les temps qui courent, seule l'incorrigible espérance chrétienne peut encore rêver cela...


En cas de primaire, les Poissons roses « auront un candidat qui représentera (leur) idées, et qui apportera des réflexions nouvelles ». Le président ne dit pas si un poisson ira au combat ou un champion extérieur à ses bancs sera adoubé. « S'il n'y a pas de primaire, je suis très pessimiste sur les chances de la gauche ». Patrice Obert se fait devin : « on assistera à une recomposition politique ».


Avec ou sans poissons ? « Comme nous ne nous interdisons de parler avec personne, nous entendons participer à cette recomposition, autour de nos idées ». Ou autrement dit : la gauche « est notre famille naturelle, et nous voulons la faire évoluer. Mais si (elle) en est incapable, nous travaillerons avec ceux qui voudrons réfléchir à une recomposition ». Un changement de coloration du bocal n'est donc pas à exclure. Vers le vert, « verts et prospères » étant un de leurs thèmes forts ? Ou vers le bleu ?


Car c'est vers la droite – ou les droites (voir ici mon article de ce blog sur Marion Maréchal le Pen, ses efforts de séduction et ses succès) – que les catholiques se font le plus entendre ces derniers temps. Et la journaliste Agnès Chareton n'hésite pas à demander au président des Poissons jusqu'ici roses ce qui les distingue ou les rapproche de Sens commun, leur alter-ego assez efficace du côté des Républicains.


Avec les « amis » (sic) de Sens commun, les Poissons roses partagent « la lutte contre la GPA ou la défense de la famille durable ». Mais regrettent leur timidité sur les questions sociales. Bref, tout en étant en phase sur les questions sociétales - « un socle éthique qui nous rassemble », les cathos de gauche reprochent aux cathos de droite de... ne pas être assez de gauche. Ce qui est assez rassurant.


Patrice Obert termine par une petite pique à ses « amis » de Sens commun, leur demandant « la même cohérence que celle que nous défendons ».


Le pape François exhorte les catholiques à ne pas hésiter à se salir les mains dans le jeu politique. Honneur donc aux Poissons roses qui se lancent avec courage au combat dans une gauche en charpie. Même si leurs chances de récolter sont minces, on ne peut leur reprocher de ne pas avoir semé.

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  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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