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3 janvier 2021 7 03 /01 /janvier /2021 11:52

Pour cette nouvelle année, que je vous souhaite moins angoissante que la précédente, j'ai jeté un œil à mon tableau d'évêques, en m'intéressant à leur diocèse d'origine. Après auscultation des 93 diocèses métropolitains (1), voici quelques remarques objectives et commentaires subjectifs.

 

* Au 31 décembre 2020, 48 diocèses sont pourvoyeurs des 99 évêques actifs en métropole, titulaires ou auxiliaires (2). En creux, la moitié des diocèses français n'ont envoyé aucun prélat hors de leurs bases.

 

* L'Île-de-France fournit 27 évêques. Hormis Paris, dont on reparlera plus loin, mention spéciale aux diocèses de Versailles (5 prêtres promus) et Nanterre (4), à la sociologie certes favorable, plus généreux que leurs voisins de Créteil et de Saint-Denis (2 chacun). Zéro pointé pour Évry et Pontoise.

 

* Deux gros diocèses historiques s'en tirent honorablement avec quatre prélats : Lille et Strasbourg. Derrière, viennent Rouen et Tours (3 mitrés). Des diocèses majeurs comme Marseille ou Lyon n'ont envoyé que deux de leurs fils recevoir la mitre, comme des bastions de l'Ouest (Rennes, Nantes, Angers, Luçon).

 

* 28 diocèses ont offert un seul évêque au pays. Ce qui est cependant déjà bien (cela), quand des régions jadis très pourvoyeuses en vocations comme le Pays basque (Bayonne) ou le Morbihan (Vannes) n'apparaissent plus au tableau.

 

* En excluant les territoires ultra-marins, souvent animés par des congrégations spécialisées (Maristes, Pères de Picpus), les religieux ne sont plus très nombreux à diriger des diocèses. On ne compte plus qu'un frère dominicain (Jean Legrez, à Albi). Figurent sur la liste le chanoine de Saint-Victor Luc Ravel (Strasbourg), l'eudiste Luc Crépy (Le Puy), le bénédictin Robert Le Gall (Toulouse) et le Missionnaire de la plaine François Jacolin (Luçon). On peut ajouter deux membres de sociétés de prêtres : Marc Aillet (Saint-Martin, Bayonne) et Georges Colomb (Missions étrangères de Paris, La Rochelle). Enfin, certains portent la double casquette de leur diocèse et de l'Emmanuel.

 

* Avec 16 prêtres issus de son clergé, l'archidiocèse de Paris fournit quasiment un huitième du troupeau national. Un chiffre énorme qui peut toutefois s'expliquer au regard de la taille(,)-pléthorique de son presbyterium, et sa particularité. De nos jours, la majorité des futurs prêtres (mènent) suivent des études supérieures, le plus souvent de haut niveau, qui les envoient (souvent) généralement à Paris. Aussi, à l'heure d'entrée au séminaire, ils ne sont plus vraiment provinciaux ! Et ils ne rejoignent pas leurs diocèses de naissance, évitant, consciemment ou pas, des carrières de curés de campagne ou de villes moyennes, avec les difficultés que l'on connaît. Comme dans tous les métiers, Paris phagocyte les élites et être « de quelque part » ne résiste pas à l'attrait intellectuel, culturel... et cultuel de la capitale. Une ville dans laquelle les presbytères sont pleins et où être prêtre confère encore, si ce n'est du prestige, tout du moins un certain respect. Au regard de leur pedigree, les pasteurs de la capitale ont plus de chance que d'autres d'être appelés à monter en grade. Longtemps, les cardinaux Lustiger et Vingt-Trois ont pu obtenir de Rome les promotions de leurs collaborateurs et de leurs amis.

 

* Le contingent des 16 mitrés parisiens se remarque également par sa très faible mobilité. Quatre d'entre eux, Michel Aupetit en tête, sont au service de leur propre boutique. Antoine de Romanet est installé aux Invalides comme évêque aux Armées. Deux de leurs collègues ont tout juste franchi le périphérique à Meaux et Nanterre. Sept prélats squattent des sièges situés à une heure de train maximum : Beauvais, Chartres, Soissons, Reims (d'où Éric de Moulins-Beaufort multiplie les aller-retour à la capitale pour ses fonctions de président de la CEF), Lille, Blois ou Rennes. Respects donc aux deux plus aventureux des prélats originaires de Paris : Jérôme Beau, archevêque de Bourges, et Dominique Rey, vibrionnant évêque de Fréjus-Toulon. Les « évêchés crottés » de la France profonde peuvent toujours attendre que ces prélats quittent leur trop belle capitale.

 

(1) Plus le diocèse aux armées. Le prélat de la Mission de France est également archevêque de Sens-Auxerre.

 

(2) Sept postes épiscopaux métropolitains ne sont pas pourvus à ce jour. Il s'agit de Créteil (depuis juin 2020), Moulins (août), Amiens (septembre), Ajaccio (octobre), Séez (novembre), Versailles et Troyes (décembre).

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 13:45

* Le Nonce en France, Mgr Celestino Migliore, a enfin trouvé un candidat à la mitre (voir mon post à ce sujet ici). Après 17 mois sans pouvoir convaincre un seul prêtre que le job d'évêque en France était supportable, Jean-Luc Garin (51 ans) a accepté de quitter son diocèse de Lille pour aller à Saint-Claude (voir ici). Il sera le pasteur des cathos du Jura, lesquels étaient sans patron depuis un an. Bon courage à lui.

 

* Son confrère Oliver de Germay a appris le boulot en Corse comme évêque d’Ajaccio et arrive ce week-end à Lyon. Successeur de Saint-Irénée et de Philippe Barbarin, il a donné une première interview, assez bien maîtrisée, le 16 décembre pour Famille chrétienne et le site Aleteia (lire ici). Le nouveau Primat des Gaules a été manifestement bien préparé pour éviter les pièges. Mgr de Germay a été « impressionné par le dynamisme de ce diocèse ». Il reconnaît que « les récentes affaires ont choqué, scandalisé, découragé, divisé aussi ». L'ancien para assure qu'il n'a « pas la prétention d’arriver avec un programme tout ficelé. » Diplomate, il dit apprécier la diversité du diocèse : « C’est une richesse mais il faut que tout cela s’articule et s’unifie dans le service d’une mission commune. Il faudra travailler à la communion ». En conservateur bon teint, il jette quand même une pique aux écolos. « Il existe certaines conceptions de l’écologie qui ne sont pas compatibles avec l’anthropologie chrétienne. Celle-ci est souvent remise en cause aujourd’hui ». Voici qui est lucide, même si parler d'anthropologie catholique serait ici plus juste.

 

* Mardi soir à Versailles, le champagne a coulé pour fêter le triomphe de la Famille Lefebvre au show de M6 « La France a un incroyable talent ». Même privé d'un membre par la Covid pour la finale, la pieuse chorale familiale (les parents et 5 enfants sur 6) ont donné leur prestation, des chants de Noël bien sûr, depuis leur domicile. Un lobbying efficace et la capacité légendaire de mobilisation des cathos des Yvelines ont assuré un vote en masse pour ces nouveaux apôtres du chant sacré cathodique. Au point de devancer, à la surprise générale, des artistes plus performants. On peut lire ici la bonne analyse de François Huguenin sur le site de La Vie. On déplorera les commentaires crétins sur la bourgeoisie catholique versaillaise qui ont envahi les réseaux numériques, guère sociaux en l’occurrence.

Deux jours plus tard, et sans aucun lien, l'évêque des Lefevre et de Versailles, Mgr Eric Aumonier, annonçait sa démission. Malade, il a devancé de quelques semaines, sa date de départ prévue (75 ans).

 

* Prêtres et laïcs de la Communauté Mission de France connaissent leurs futurs voisins. Le Conseil régional Bourgogne France-Comté avait décidé de vendre le domaine de Pontigny, dans l'Yonne, qui regroupe les terres de l'ancienne abbaye cistercienne, à l'exception notable de l'église abbatiale. Car ce superbe bâtiment, propriété de la commune, est la cathédrale de la Mission de France. Deux candidats étaient sur les rangs : la Fraternité Saint-Pierre, communauté de cathos tradis alliés à Rome, pour y installer leur séminaire ; et la Fondation de l'homme d'affaires et mécène François Schneider qui proposait un projet immobilier et un espace dédié à l'art contemporain. Seule l'offre de ce dernier a été présentée aux élus qui ont validé le choix de la présidente socialo-macronienne Marie-Guitte Dufay (voir ici).

La décision a fait hurler toute la cathosphère de droite et au-delà. Leurs arguments : l'offre rejetée était plus importante et on ne pouvait refuser un projet religieux dans un lieu pareil. Officiellement, le prélat de la Mission de France Mgr Hervé Giraud, également archevêque du diocèse (Sens-Auxerre), n'est pas intervenu dans la décision politique. Mais on devine que la cohabitation avec ces apôtres de la messe à l'ancienne aurait été difficile avec les prêtres au travail et les militants de la Mission de France. On ne peut reprocher à cet évêque une aversion rédhibitoire envers les courants conservateurs cathos. Dans son précédent poste comme évêque de Soissons, il avait fait venir la communauté Saint-Martin, s'attirant de nombreuses critiques.

 

* Jeudi matin, le chroniqueur politique de France Inter Thomas Legrand a glosé sur les professionnels de la culture, lesquels, privés de spectacles, jalousent les religieux, dont les cultes sont autorisés. « Cette différence de traitement vient casser une idée reçue. Le pouvoir religieux reste fort, plus fort que le pouvoir du monde de la culture. Voilà qui remet en cause l'idée véhiculée par tout ce que le monde compte de journaux et d'intellectuels conservateurs, qui clament que la pensée dominante, la bien-pensance du monde culturel, de l'université, de la presse en général, progressiste depuis 1968, tiennent abusivement le haut du pavé dans les débats et imposent, par une sorte de terrorisme intellectuel, leurs vues à une majorité silencieuse. Et bien non, les 4% de français pratiquants ont montré qu'ils étaient puissants et influents et que leur colère fait même plus trembler le pouvoir que celle des artistes et de tout le monde intellectuel ». On notera également une petite pique anticléricale de Thomas Legrand. « On aurait pu attendre de la hiérarchie religieuse, censément altruiste, qu'elle décide par solidarité et précaution sanitaire de confiner ses activités. Ce n'est pas le cas ». L'éditorialiste évoquait ici les catholiques et son reproche qui ne s'applique pas, par exemple, aux autorités protestantes et musulmanes. La chronique est à retrouver ici.

 

Très belle fête de Noël à toutes et tous.

 

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24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 07:33

Toujours pas de fumée blanche à l'archevêché de Lyon. À Nantes, c'est hélas une autre fumée qui a noirci la cathédrale, toujours privée de prélat. Nommé en janvier, arrivé en mars, pas aidé par la conjoncture, Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, n'a toujours pas nommé le moindre évêque. Les journalistes spécialisés assuraient pourtant sur le prestigieux poste lyonnais serait pourvu avant la mi-juillet.

 

J'évoquais dans mon dernier post des hypothèses de ce blocage (voir ici) , notamment l'augmentation, admise par Rome, des refus par les prêtres sollicités. J'en avais oublié une que l'actualité me rappelle.

 

On a appris ce jeudi que Mgr Lugi Ventura, prédécesseur de Mgr Migliore, sera jugé en France devant le Tribunal correctionnel pour « agressions sexuelles », le 10 novembre (voir ici l'article du Monde). Le nonce, qui nie les faits, aimait bien, semble-t-il, mettre la main aux fesses d'hommes (majeurs).

 

Dans le même genre crapoteux, l'élu suisse Jacques Neirynck raconte dans un post publié le 22 juillet (voir icisa stupéfaction devant le spectacle pitoyable donné par le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg. Le 15 juillet lors d'une conférence de presse, le diocèse rendait public les résultats de deux enquêtes lancées suite aux accusations visant le P. Paul Frochaux, ancien curé de la cathédrale de Fribourg. Le prêtre, qui a démissionné en mai, est soupçonné d'avoir abusé d'un jeune homme de 17 ans en 1998, et d'avoir harcelé sexuellement un confrère durant les années 2008-2011. Le diocèse était sur le point de nommer à sa suite un autre prêtre, quand il est apparu que celui-ci fréquentait activement des sites de rencontres homosexuelles. Il a reconnu les faits.

 

Ce même 15 juillet, l'évêque Mgr Charles Morerod acceptait avec courage de s'exprimer lors du journal du soir de la Télévision suisse romande. Il a même reconnu qu'un autre candidat potentiel avait été écarté pour les mêmes raisons. Dans cette séquence (à retrouver ici), on voit à la fois la modestie et le calme d'un prélat pourtant accablé, et la pugnacité de la journaliste.

 

Revenons à notre nonce à Paris. Comme l’Élysée et Matignon qui s'assurent que leurs futurs ministres ne traînent aucune casserole (financière, fiscale ou conflit d'intérêts), il doit trouver des évêques exempts de toute pratique hors des clous de la morale catholique. On pense bien sûr aux relations homosexuelles mais aussi aux attitudes équivoques ou trop pressantes avec les jeunes femmes. C'est pour ce motif que Mgr Hervé Gaschignard, sans aucune procédure juridique contre lui, a du quitter ses fonctions d'évêque de Dax en 2017 (on retrouvera ici le récit de l'histoire par François Vercelletto, de Ouest France.

 

Cette contrainte semble faire diminuer le nombre de candidats à l'épiscopat. Frédéric Martel avec son pamphlet Sodoma a décrit la forte culture homosexuelle dans l’Église. En 2014 dans mon ouvrage « Mariage pour tous, divorce chez les cathos » (voir ici), j'avais proposé une explication à laquelle je crois toujours. « Le huis clos masculin propre aux séminaires, à la vie paroissiale ou monastique, comme l'interdit des relations hétérosexuelles, peuvent attirer, consciemment ou inconsciemment, de jeunes homosexuels. Et dans certains milieux sociaux, il n'est guère d'autres moyens d’échapper par le haut à la norme d'un mariage ». Et je citais un religieux dominicain : « Pour un homosexuel, le sacerdoce est un cadre pour assumer son célibat et être utile à l’Église ».

 

Le dernier point mérite discussion. Un homo prêtre est « utile » pour faire fonctionner l'institution et son besoin de clercs. Mais sa situation est périlleuse aujourd'hui tant la pression médiatique et sociétale traque les incohérences entre discours et actes, jadis ignorées ou tolérées. Dans l'affaire Ventura, le petit monde catho connaissait le côté « italien » ou « tactile » du nonce. On l'acceptait hier, plus maintenant.

 

Demain, seront peut-être annoncés les noms de nouveaux évêques bien dans leur peau et dans leur affectivité. Et l'institution se réjouira comme si tout allait bien. Mais si les règles contraignant la sexualité (1) des ministres du culte catholique demeurent inchangées, il deviendra de plus en plus difficile, voire impossible, de faire tourner la boutique.

 

(1) Je n'aborde pas ici la question des ministères femmes, face à laquelle le silence des autorités me désole.

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20 mai 2020 3 20 /05 /mai /2020 16:45

À ce jour, trois diocèses français n'ont pas un évêque à leur tête : Lyon depuis mars, Nantes et Saint-Claude (Jura) depuis novembre. Dans cinq autres - Saint-Denis de la Réunion, Nouméa, Nancy, Auch et Bayeux-Lisieux -, les titulaires ont passé l'âge de 75 ans. Leur lettre de démission est arrivée depuis longtemps à Rome, sans qu'ils ne voient arriver la quille.

 

Gilbert Aubry, prélat de la Réunion, vient de souffler 78 bougies ! Le même âge que Michel Dubost, toujours bon pied, bon œil, mais qui a sans doute envie de quitter l'intérim baroque d'administrateur apostolique à Lyon, qu'il assure depuis juin 2019.

 

Histoire de compléter le tableau, deux évêques vont arriver au bout de leur mission fin 2020 et ils ne seront pas moins de 8 à faire de même l'année prochaine.

 

Que fait donc le nonce, dont la préparation de ces nominations est une des missions principales ? Pour sa défense, on pourra avancer que Mgr Celestino Migliore (voir son brillant parcours ici) n'a été nommé à Paris que le 11 janvier. Il a été appelé pour succéder au sulfureux Luigi Ventura, mis en cause pour avoir les mains baladeuses sur les garçons, réfugié à Rome avant même d'être relevé de ses fonctions officiellement pour raison d'âge (1). On ajoutera que la crise du Covid a bouleversé sans doute la nonciature, comme pas mal d'administrations.

 

Mais quand même. En janvier dernier, le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation vaticane pour les évêques, avouait ce qui se dit sous cape depuis longtemps. Dans une interview à la revue espagnole Vida nueva, il concédait la hausse du nombre de prêtres réfractaires à l'épiscopat. « Quand je suis arrivé ici il y a près d’une décennie, un sur dix n’acceptait pas. Maintenant, c’est trois sur dix ». Et le cardinal québécois de détailler les raisons d'un tel refus : « C’est peut-être parce qu’ils ne se sentent pas capables, qu’ils manquent de foi, qu’ils ont des difficultés dans leur vie ou qu’ils préfèrent ne pas courir le risque de nuire à l’Église ».

 

On se permettra d'ajouter un autre motif dans le cadre national : gérer une pénurie permanente de personnel ecclésiastique, dans une institution en crise, ne fait pas nécessairement rêver les candidats. Sans parler de la gestion des crimes sexuels, qui occupe la moitié du temps de certains prélats en place.

 

Dans la même interview (dont on peut lire ici des extraits en français sur le site de l’Église suisse,  le cardinal Ouellet précise ce qu'il attend d'un évêque. « Il ne suffit pas de souligner les vérités de la foi, car la culture a tellement changé au cours des 40 dernières années qu’il faut entrer dans une nouvelle ère du dialogue ». Cette exigence se situe à l'opposé de la disposition d'esprit de la majorité de ceux qui sortent de nos séminaires. Depuis quelques décennies en effet, sont ordonnés des prêtres bardés de certitudes sur la foi chrétienne et la façon de la transmettre. Et ce à leur demande, et souvent au désespoir de leurs formateurs.

 

Que ce profil-là ne soit plus en odeur de nomination à Rome, et donc auprès du nouveau nonce à Paris, représente une bonne nouvelle pour l’Église de France. Mais cette exigence va contraindre certains diocèses à davantage de patience avoir de voir arriver leur nouveau chef. Et le cap des 75 ans ne sera plus synonyme de repos pour les anciens.

 

À moins que le Saint-Siège (qui, je l'ai déjà déploré, ne consulte pas assez ce blog) ne se décide à fusionner certains diocèses. On pense ici à des entités rurales qui comptent un nombre de prêtres faméliques et qui mutualisent déjà des services entre voisins. Cela réduirait le nombre d'oiseaux rares à dénicher.

 

(1) Dans cette affaire, fait rarissime, le Saint-Siège a levé l'immunité diplomatique de son ambassadeur.

 

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4 avril 2020 6 04 /04 /avril /2020 16:54

Father Ted était une série humoristique britannique, hilarante et joyeusement anti-cléricale. Dans une île perdue en Irlande, Ted, curé opportuniste, Dougal, jeune vicaire débile et un vieux prêtre aussi odieux qu'alcoolique et libidineux vivent des aventures délirantes, avec une gouvernante hystérique.

 

Dans l'épisode Speed 3, le vicaire crétin se trouve au volant d'un véhicule de laitier, piégé par une bombe ! Il ne peut ralentir son camion sous peine d'explosion. Informé par le poseur de bombe, Ted appelle à l'aide des prêtres voisins. Et l'on voit débarquer à côté du camion fou, trois prêtres en aube célébrant la messe sur un autel roulant. Sans aucun effet miraculeux. De retour au presbytère, les trois hommes d'Église se relaient devant un tableau noir pour trouver une solution à la crise. Les minutes passent. Une seule réponse s'impose toujours : dire la messe, dire une autre messe. On peut voir cette épisode ici (dans réglage, on peut installer des sous-titres en français).

 

Pendant la crise que vit notre monde, il semble que l’Église catholique, à l’image des ces Irlandais de comédie, ne sache faire que cela. Les évêques font des pieds et des mains pour retransmettre via la toile « leur » célébration, seuls face à un cameraman. Un prélat a même enjoint ses « amis » sur la page Facebook de son diocèse de multiplier les « j'aime » pour pouvoir, comme ses camarades, diffuser une messe en direct sur le réseau social. Dans son communiqué à la veille des Rameaux, l'épiscopat s'est félicité de proposer plus de 300 cyber-célébrations de l'entrée de Jésus à Jérusalem !! Voici qui va grandement aider notre société apeurée.

 

Pour ceux qui ne peuvent aller à l'église, Le Jour du Seigneur et KTO portent cette responsabilité toute l'année. Ils savent le faire et le font bien. À quoi sert cette course à la vidéo-messe ? Ne peut-on penser une autre présence que cette cérémonie laquelle, privée de la présence du peuple de Dieu, perd une grande partie de sa pertinence ?

 

À cette interrogation, on m'objecte que les prêtres, de toute façon, célèbrent tous les jours la messe. Oui. Mais en quoi cela signifie-t-il qu'il convient de continuer ainsi sans jamais s'interroger ? Aujourd'hui, c'est la pandémie qui empêche les fidèles d'assister à l'office, mais demain, ce sera la majeure partie de la population française qui ne pourra le faire, faute d'officiants.

 

Les temps de crise, nous disent les penseurs, permettent de changer nos modes de vie et de pensée. Nombre d'observateurs assurent que rien ne sera plus comme avant l'irruption dans nos vies du Covid 19. Déjà en crise multi dimensionnelle avant ce printemps funeste, l’Église catholique sera-t-elle la seule à maintenir ses pratiques à l'identique ?

 

On ne peut décemment rien attendre de Rome, au cœur d'une Italie dévastée, où l'on tente plus de survivre que de penser les réformes. Mais c'est alors aux évêques, ainsi qu’aux prêtres et fidèles bien entendu, notamment de France, de proposer une autre manière de dire la sollicitude des catholiques envers le monde en pleurs. Pas se concentrer sur l'exploit technique du maintien, en moins bien, de ce qu'on a toujours fait.

 

Quand j'ai testé cette idée iconoclaste sur twitter, un contradicteur m'a répondu : « La célébration de la messe est le cœur de la vie du prêtre, sa raison d'être. Pourquoi voulez-vous qu'ils soient ailleurs ? Diffusées ou non, leurs messes seront bien évidemment célébrées, pour le plus grand bonheur de tous ». La première phrase prête déjà à discussion, avec son caractère bien plus auto-centré que pastoral. Passons. Le « bien évidemment » et le « bonheur de tous » me font penser à l'orchestre sur le pont du Titanic. Coulons avec nos certitudes comme bouée de sauvetage.

 

Cette bien étrange Semaine sainte se prête peu à la révolution. Je vous invite à étudier la proposition d'Anne Soupa, qui propose de fêter « Pâques, mais après la fin du confinement » (à lire ici). Je compte sur l'arrivée prochaine de l'Esprit-Saint, qui devrait résister à la contamination, pour amener un grand courant d'air frais.

 

 

 

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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 19:49

Bien des observateurs cathos ont établi un lien entre l'incendie de Notre-Dame et les misères de l’Église catholique de France. Erwan Le Morhedec, anciennement Koz, n'a pas manqué de s'y essayer dans son billet dans La Vie du 24 avril 2019 (à lire ici)

 

Son texte intitulé Nous sommes Notre-Dame rappelle la sombre litanie d'une institution à la dérive. « Avons-nous conscience que nous sommes passés, en un seul mois et demi de carême, par les révélations sur les doubles vies et les doubles discours au Vatican, sur les abus perpétrés contre des religieuses, la veille même du mercredi des Cendres, avant la condamnation du cardinal Barbarin et sa démission refusée ? » N'en jetez plus.

 

L'avocat les caractérise en « autant de coups de boutoir sourds, lourds, opiniâtres contre nos vies de catholiques trop installés peut-être ». Et cette liste funeste a « fini par un brasier ».

 

Dans l'esprit du billettiste, la réponse à la question « Faut-il reconstruire à l’identique ? », ne concerne pas/ l'architecture de la cathédrale. Il attaque la représentation de la figure du prêtre. Celle-ci, est définie comme « tridentine dans trop d’esprits quand le jeudi saint nous le montre serviteur dans le lavement des pieds ». Et, Koz avance une très intéressante innovation liturgique : « ­Faudrait-il introduire ce geste, sinon lors des ordinations, du moins lors des premières messes ? ». Voilà une belle idée, propre à désacraliser les jeunes héros. Et digne de faire adhérer l'avocat le plus célèbre de la cathosphère aux portes de la Conférence des Baptisés.

 

Las, la phrase suivante fait retomber le soufflet révolutionnaire. « La figure du laïc, trop souvent réticent à exercer le sacerdoce commun des baptisés, peut aussi s’affiner. » Remercions Koz d'évoquer la très belle expression du Concile Vatican II : sacerdoce commun des baptisés (SCB). Vaste programme, comme dit. L'autre, Qui a connu autant de succès qu'une proposition de campagne à l'heure d'un bilan de mandat.

 

Donc, le SCB est un fantasme. Et je croyais naïvement que la responsabilité de ce raté relevait en premier lieu de Rome, où depuis Jean Paul II, cette partie du Concile a été remise aux oubliettes. Si le laïc, le plus souvent féminin, ne profite pas du projet conciliaire, c'est sans doute parce qu'il (elle) se contente dans l’allégresse de ce qu'on lui laisse faire : servir les prêtres, fleurir les églises (et les balayer), faire la quête, s'occuper des gamins de la catéchèse... Si le curé est un moderne, on pourra jouter à la liste : proclamer les lectures, donner la communion. Notre laïc est donc réticent à participer à la gouvernance de la paroisse (et du diocèse), ou à faire profiter les fidèles de sa formation théologique et pastorale désormais souvent supérieure à celle du curé.

 

Le débat est lancé. Et notre billettiste a raison de signaler que : « Là encore, le chantier est immense et personne ne peut en décréter la durée. »

 

 

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 09:14

Dix secondes en direct pour dire qu'il voulait partir. Depuis le silence. Un communiqué pour annoncer le rendez-vous d'hier lundi avec le Pape. Puis rien. Une photo à moitié volée. Silence. Silence du cardinal qui ne dit rien de son échange avec son patron. Silence du Saint-Siège, habituel après ce type d'entretien privé.

 

Silence. Ce silence qui a prévalu pour les victimes du père Preynat quand elles ont tiré l'alarme comme tant d'autres proies de criminels ecclésiastiques. Ce silence raconté par Isabelle de Gaulmyn dans son récit Histoire d'un silence (voir ici), par François Ozon dans son film Grâce à Dieu, par le documentaire d'Arte « Religieuses abusées, l'autre scandale du Vatican » (voir ici), diffusé le 5 mars.

 

Ce silence insupportable. D'autant plus venant d'une institution qui depuis des siècles parle fort, enseigne, explique doctement comme il faut vivre et aimer. Et jusqu'à peu faisait les lois chez nous.

 

Alors on objectera que la justice suit son cours avec l'appel du cardinal et du parquet. On avancera que le Pape n'aime pas qu'on le force à quoi que ce soit. On invoquera le temps de l’Église, toujours en retard de quelques décennies sur le peuple auquel elle s'adresse.

 

Face à tant de souffrances de victimes, face au discrédit qui touchent tant de fidèles et de prêtres, que valent ces arguments ? Tout le monde sait, lui le premier, que Philippe Barbarin ne peut plus diriger un diocèse. Mais silence, supputation, attente. Une institution qui parle de tolérance zéro tolère une situation intolérable.

 

Silences d'hier, silences d'aujourd'hui. Tous aussi insupportables.

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7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 20:58

Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné en première instance et a aussitôt annoncé son intention de démissionner (vidéo à retrouver ici).

 

Il paie son arrogance et ses maladresses. Le choix de faire venir un grand cabinet de gestion de crise parisien pour défendre son honneur, tout en jouant le modeste serviteur de l’Église et du Christ, aura joué en sa défaveur.

 

L'archevêque de Lyon écope aussi, et c'est regrettable, pour tous ses confrères évêques « sauvés » soit par la prescription soit par l'absence face à eux de plaignants aussi tenaces que La Parole libérée.

 

La sécheresse de sa déclaration, sans échange avec la presse, a montré un homme abattu, blessé, acceptant mal une décision qu'il n'avait pas anticipé.

 

Si l'on excepte le cas de Mgr André Fort, évêque émérite d'Orléans au moment de sa condamnation pour des faits similaires, on ne peut comparer le cas Barbarin qu'avec Mgr Pierre Pican en 2001. L'évêque de Bayeux-Lisieux avait écopé de 3 mois avec sursis. Contrairement à l'archevêque de Lyon, il n'avait alors pas fait appel, ni démissionné de sa charge.

 

Enfin, je veux noter deux maladresses dans le communiqué adressé ce jeudi soir par la présidence de l'épiscopat, que l'on peut lire ici.

« La CEF réaffirme sa volonté de lutter avec détermination contre toutes les agressions sexuelles commises par des clercs sur des mineurs ».lit-on. Les deux derniers mots de la phrase passent cruellement sous silence les adultes abusés en milieu religieux. Et ce deux jours après la diffusion du documentaire d'Arte « Religieuses abusées, l'autre scandale de l’Église ». On peut revoir quelques jours encore ici ce film terrible. 

 

Dans la dernière phrase, nous apprenons que « Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la CEF, a eu l’occasion d’assurer le Cardinal Barbarin de sa prière pour lui et le diocèse de Lyon ». Le terme de diocèse englobe-t-il, dans l'esprit de la CEF, les victimes du père Preynat et leurs familles, qui souffrent depuis bien plus longtemps que le cardinal ? Être plus explicite s'imposait ici, comme le fit le cardinal dans sa courte allocution.

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16 janvier 2019 3 16 /01 /janvier /2019 08:47

Je n'ai pas assisté au procès impliquant du 7 au 10 janvier le cardinal Barbarin devant le tribunal correctionnel de Lyon. Parmi les nombreux comptes-rendus, je recommande le travail de ma consoeur Sophie Lebrun pour La Vie (voir ici).

Ayant écrit sur le cas de l’archevêque de Lyon en 2017 pour Marianne (voir ici), je connais un peu le dossier. Mes fans pourront écouter ici mon sentiment exprimé sur le procès ce vendredi sur Radio Notre-Dame, lors d'un débat avec les journalistes Victor Loupan et Jean Sevillia.

 

Je voudrais revenir sur un aspect un peu annexe, mais pas secondaire pour autant : la posture de deux des personnes citées à comparaître lors du procès. Il se trouve que je connais et que j'ai de l'amitié pour Régine Maire, chargée par le diocèse de Lyon de recevoir une des victimes du père Preynat, et Pierre Durieux, alors directeur de cabinet du cardinal.

 

Je n'ai pas compris leur attitude lors du procès. Tous deux ont choisi de lire une déclaration et de refuser de répondre aux questions. Je comprends qu'un texte, sans doute écrit à quatre mains avec un avocat, soit infiniment plus sûr, plus maîtrisé, que toute expression orale à la barre. A fortiori quand on n'est guère habitué à l'exercice. On a vu que le cardinal a aussi utilisé le procédé.

 

Comme lui, Mme Maire et M. Durieux ont lu qu'ils assumaient pleinement ce qu'ils ont fait et pourquoi ils l'ont fait (ou pas fait). Mais pourquoi donc, même si c'était leur droit, ont-ils refusé le débat contradictoire du tribunal ?

 

Il est évident que cette décision ne relève absolument pas du mépris des parties civiles, les victimes du prêtre criminel. Alors quoi ? Le procès est le lieu des questions et des réponses, non pour le plaisir d’embêter les gens, mais pour faire avancer la révélation de la vérité.

 

Mon hypothèse est celle-ci. Je pense que les deux proches collaborateurs de l'archevêque n'ont pas voulu exprimer leur pensée intime. Il est une chose d’écrire en bon employé pour défendre son travail, celui de son supérieur ou l'honneur de son institution. Il en est une autre d'être amené à dire son sentiment personnel, en tant que citoyen et en tant que membre d'une institution qui, tout le monde le reconnaît, a mal fonctionné.

 

Au cours du débat, cette dichotomie parole officielle/parole personnelle serait nécessairement apparue. Mais les deux cités à comparaitre gardent peut-être dans le cœur le sentiment qu'ils auraient pu agir autrement, en saisissant la justice ou en incitant fortement leur patron à le faire plus vite. L'ont-ils fait, sans le dire à la barre pour ne pas affaiblir le cardinal ? Ont-ils songé à agir ainsi avant de renoncer par esprit d'obéissance et de fidélité à Philippe Barbarin et à l'Église ?

 

Voici des questions auxquelles nous n'aurons pas de réponse. Et qui manquent à l'établissement de la vérité sur la façon dont le diocèse de Lyon, et pas seulement son patron, a géré ce ténébreux dossier.

 

Derrière ce silence, cette « fidélité » selon le mot de Pierre Durieux, cette retenue toute catholique fleure bon le cléricalisme. Cette maladie de l'Église dont la conséquence funeste est que tous et toutes, des simples fidèles au pontife romain en passant par les prêtres et les évêques, se taisent et se serrent les coudes dès lors qu'un clerc, un homme du sacré, est mis en cause. Ce même fléau qui explique que personne n'ait rien dit au moment des faits criminels, comme l'a raconté la journaliste Isabelle de Gaulmyn dans son livre Histoire d'un silence (voir ici).

 

Dans ces quatre jours de procès, le cardinal Barbarin a rompu le silence et c'est heureux. Mais son équipe n'a pas voulu, n'a pas pu le faire. Espérons que lors de futures audiences similaires, autour de la non-dénonciation de crimes sexuels, tous les acteurs prennent la parole avec la plus grande liberté. possible.

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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 22:24

Plusieurs semaines après le début de la révolte des gilets jaunes, nos évêques ont donc enfin pris la parole avec leur instance communautaire, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (1). Cette instance ne pouvait se contenter de reprendre les appels au calme et au dialogue lancés depuis plusieurs jours par certains prélats, comme Mgr Aupetit (Paris, voir ici) ou Mgr Pontier (Marseille, voir ). Elle n'a pas souhaité non plus se positionner comme « Mgr Gilets jaunes », l'évêque de Montauban Bernard Ginoux (voir l'article de Famille chrétienne ici) qui semble avoir oublié la neutralité politique de sa fonction.

 

Dans son Appel aux catholiques de France et à nos concitoyens du 11 décembre (à retrouver ici), le Conseil permanent offre ses services à celles et ceux qui veulent sortir de la crise. Arguant que « notre démocratie manque de lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence à une large échelle de suggestions positives élaborées ensemble », dont une des raisons serait « l’affaiblissement de nombreux partis politiques et un recul significatif de l’engagement syndical » l’Église de France propose de suppléer au manque.

 

Elle a tout à fait raison de mettre en avant «  un maillage de milliers de paroisses, réparties sur l’ensemble de notre territoire » et de noter la richesse de « la présence de multiples mouvements, aumôneries et associations de fidèles ». Aucune autre institution ne peut se targuer d'une telle présence. Fort de cela, les responsables de l'épiscopat proposent « dans les semaines à venir, de susciter partout où ce sera possible des groupes d’échanges et de propositions en invitant très largement d’autres personnes, partageant ou non notre foi, qui peuvent être intéressées d’y participer et d’y apporter leurs idées ».

 

À cette occasion, le texte des chefs de l'épiscopat réinvente la fonction de la paroisse. « Lieu de prière, en particulier liturgique », nous dit le communiqué, celle-ci est aussi « par nature et par vocation la "maison de famille fraternelle et accueillante" (encyclique Christifideles laici, de Jean Paul II) pour tous et la "famille de Dieu, fraternité qui n’a qu’une âme" (Vatican II, Lumen Gentium, n° 28) ».

 

La paroisse et le clocher, situés au centre géographique de nos villes, pourraient ou devraient donc retrouver leur place majeure de lieu de rassemblement, quand le politique est en disgrâce. Belle idée, que nous avons souvent défendue dans ce blog, quand il s'agissait de rendre les lieux de culte accueillants à des projets musicaux et culturels non spécifiquement chrétiens. La panique sociétale actuelle justifierait une telle proposition à titre exceptionnel ou faut-il voir une volonté d'ouverture plus fréquente des bâtiments au-delà du culte ? Il ne faut jamais oublier que ceux-ci furent financés jadis par l'ensemble de la communauté, à une époque où la foi chrétienne ne relevait pas d'un choix personnel.

 

Rêvons de la seconde option. Comme on peut rêver que les foules en colère se précipitent pour dialoguer avec nos dirigeants au pied des statues de la Vierge de nos églises ou sous les posters de pontifes qui décorent nos salles paroissiales. L’Église peut-elle inspirer un échange serein quand les tensions sont telles et le dialogue impossible chez certains manifestants ? Le cadre de nos chapelles et de nos presbytères pourrait permettre une expression plus policée que les propos de tavernes des micros-trottoirs de ronds-points vus sur nos écrans depuis bientôt un mois. Sans doute, dans certaines régions encore culturellement chrétiennes (Ouest, Alsace), est-ce possible. Dans d'autres régions, on peut en douter.

 

Par ailleurs, l’Église catholique donne-t-elle de nos jours l'image du meilleur écrin pour un échange quand la climat est si tendu et les positions si éloignées ? Incapable elle-même de gérer sereinement ses propres divergences, en difficulté quand elle doit négocier autour de ses certitudes avec certaines idées modernes, elle n'a pas que des atouts dans le domaine délicat de la médiation.

 

Au moins, on ne pourra pas reprocher aux catholiques de France, à défaut de réussir des miracles, d'avoir observé sans rien faire cette crise inédite.

 

(1) Ce groupe comprend le président et les deux vice-présidents de la conférence, trois évêques représentant les diocèses selon leur taille, trois évêques selon leur ancienneté et l'archevêque de Paris, es qualité. Son qualificatif de « permanent » interroge puisqu'il se réunit... une fois par mois durant deux jours,

 

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