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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 15:37

Pour suivre ce qui se passe dans la tête des cathos les plus identitaires, une petite visite sur le site du Salon beige (à découvrir - ou pas - ici) est toujours instructive.


Le 22 mai, on y découvrait par exemple que la paranoïa anti-maçonnique était encore bien vivace. Plus d'un siècle après les bagarres homériques qui ont fait advenir notre chère laïcité, certains catholiques veulent poursuivre le combat contre la pieuvre et son légendaire entrisme au sein de l’Église.


Cette fois, les défenseur zélés du vrai catholicisme ont débusqué sur leur territoire un frère, émargeant au Grand-Orient de France. Est-ce un évêque ou un prêtre ? Non, Dieu nous en préserve. Serait-ce alors un animateur pastoral appointé par le denier de l’Église ? Pas non plus.


Le Salon Beige (voir ici) a eu vent de la présence d'un maçon parmi... les animateurs de la radio RCF Bordeaux. Horreur ! Il pourrait donc distiller son fiel dans quelques programmes d'édification religieuse !


Cet horrible personnage – dont je tairais le nom contrairement au Salon beige, qui a même publié sa photo ! - s'est vanté de son appartenance à la loge laïcarde dans le numéro de janvier 2015 de la revue impie « Franc Maçonnerie magazine ».


On sera rassuré sur sa réel capacité de nuisance en apprenant que le médecin généraliste incriminé est en charge de l'émission Regard santé. Les opportunités pour détourner ses auditeurs de la vraie foi demeurent limitées. Deo gratias !


Je n'ai pas une grande estime pour la franc-maçonnerie, sa culture du secret et ses coups de pouces entre frères. Pour autant, on peut s'interroger sur l'intérêt de publier une telle information délatrice.


Ses auteurs veulent-ils faire croire que la Franc-Maçonnerie, a fortiori avec la gauche au pouvoir, demeure aussi dangereuse qu'hier pour la « vraie » foi ? Ou déconsidérer une radio chrétienne qui se bat pour un programmation ouverte à tous et pour tous ?


Il y a sans doute bien d'autres combats à mener que traquer les francs-maçons et donner les noms de celles et ceux qui n'ont ne possède pas le pedigree impeccable des amis du Salon beige..

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20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 14:00

La presse en a fait ses choix gras le week-end dernier. L’Église protestante unie de France (ÉPUF) autorise ses pasteurs à bénir les mariés de même sexe. Après un très long processus de réflexion, entamé bien avant le débat politique sur le mariage homo, le synode de cette instance qui fédère les réformés et les luthériens de la France de l'intérieur (hors Alsace-Lorraine) a voté à une très large majorité pour cette évolution.


Seule jusqu'alors au sein de la Fédération protestante, la Mission populaire évangélique de France, branche sociale et très engagée, avait franchi le pas (voir ici leur note de 2014). L'an passé, l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (UEPAL) a choisi de surseoir à toute décision sur la question.


Il est intéressant de voir comment le synode de l'ÉPUF a organisé son travail. L'évolution s'inscrit dans le cadre plus général d'un travail sur la bénédiction. Dans le texte de la décision adoptée (à retrouver ici), on peut lire que l'ÉPUF « reçoit avec humilité et confiance cette mission d’être témoin de l’Évangile dans l’accompagnement des personnes et des couples. L’accueil de toutes celles et tous ceux qui s’adressent à elle et les gestes de bénédiction qu’elle peut offrir de la part de Dieu, sont autant de façons de dire la bonne nouvelle de son amour premier et de relayer son appel à vivre en relation avec lui ».


Pour les luthéros-réformés français, « bénir, c’est offrir un signe et une parole qui disent l’amour de Dieu et sa présence ; ce n’est pas faire un acte magique qui contraindrait Dieu à nous être favorable ; ce n’est pas non plus signifier qu’il approuverait nos projets ». Il s'agit de reconnaître et d'accompagner des hommes et des femmes et de signifier que Dieu les aime quel que soit leur chemin.


Ce n'est qu'après une longue étude du sens de la bénédiction que le document affirme que « le synode ouvre la possibilité, pour ceux et celles qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu. »


Il ne s'agit pas pour les luthéros-réformés de céder à l'air du temps, ni de répondre sous la pression des demandes de couples de même sexe. Les raisons premières de ce choix sont à trouver dans les premiers mots de la décision votée : « Comment accompagner nos contemporains au plus près de leurs existences, dans leurs joies et dans leurs peines, dans les chemins qu’ils choisissent et ceux qu’ils subissent, dans leurs alliances et leurs séparations, pour leur permettre d’entendre une bonne nouvelle qui donne sens et saveur à leur vie tout entière ? »


Le texte précise que la question « s’inscrit dans la volonté de l’ÉPUF d’honorer sa vocation à témoigner de l’Évangile ». On pourra trouver dans les termes choisis – les joies et les peines – un écho lointain mais savoureux, à la célèbre constitution pastorale Gaudium et spes du Concile Vatican II (1965). Un texte marqué par une volonté d’évolution de la présence aux hommes et aux femmes dans les réalités du temps.


Histoire de déminer par avance les effets diplomatico-ecclésiaux de ce choix, le texte insiste sur la nécessaire communion à maintenir en interne – il n'y a pas d'unanimité au sein de l'ÉPUF - comme « dans le dialogue avec les autres Églises, notamment au sein de la Fédération protestante de France ». Cette communion demandée se base « sur notre commun enracinement en Jésus‐Christ, notre Seigneur et Sauveur, par‐delà les pratiques différenciées dans l’accueil et l’accompagnement des personnes et des couples ».


Cet aspect a échappé aux responsables du Conseil national des Évangéliques de France (Cnef), lesquels ont jugé la décision « consternante ». Le court communiqué (à lire ici) est sans appel, dénonçant la bénédiction d'une pratique « condamnée sans équivoque par la Bible » et fustigeant la promotion d' une « grâce à bon marché bien éloignée de l’Évangile de Jésus-Christ et de ses exigences en matière d'éthique de vie ». Le CNEF accuse l'ÉPUF de « faire de la bénédiction un simple accompagnement de la volonté des personnes demandeuses au lieu d’en faire une occasion pastorale de découverte, avec elles, de la volonté de Dieu. »


Ceci sous-entendant que l'accompagnement exclue la découverte. Et, plus étonnant encore, qu'un pasteur est capable de connaître la volonté de Dieu sur le projet d'une personne. Ce qui paraît bien présomptueux.


Enfin pour le CNEF, qui rappelle que les évangéliques représentent 70% des pratiquants réguliers du protestantisme français, le vote du 17 mai « marquera de façon négative les relations qu’elle (l'ÉPUF) entretient avec les protestants évangéliques et compliquera aussi les relations avec les autres Églises ».


Pour les autorités catholiques, la question du sacrement de mariage pour les couples de même sexe relève aujourd'hui de le science fiction. Mais l'idée d'un geste ecclésial mérite d'être creusée (1). Cela éviterait les bénédictions clandestines, pratiquées ça et là en toute discrétion, Une réalité que ne connaîtront plus les luthéros-réformés de France.


(1) Il existe des rituels pour les champs, les troupeaux ou les bâtiments...

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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 22:04

Lorsque je serai maître du monde, une de mes premières mesures sera d'interdire les statistiques religieuses. Non pour déplaire à Robert Ménard, ni pour diminuer le travail de l'INSEE. Pas non plus pour nier l'importance du facteur religieux dans le comportement des populations.


Les habitués de ce blog savent déjà que je crois fermement que toute approche quantitative du sentiment religieux dans une population est vaine. Le vocabulaire utilisé pour les enquêtes ne sera jamais compris pareillement par tous. L'individualisation des croyances – que le monde catholique découvre, quelques siècles après les juifs et les protestants – rend toute quantification bien trop aléatoire. Et de telles approximations – on peut penser aux affrontements sur le nombre de musulmans en France - sont dangereuses en ces temps nauséabonds de haine de l'autre sous prétexte, entre autres, qu'il ne croit pas comme il faut. A Béziers et ailleurs.


Le quotidien Le Monde vient de montrer dans un article tout ce qu'il ne fait pas faire en la matière en donnant pour titre à un article « La moitié des Français ne se réclament d'aucune religion » (lire ici pour les abonnés). Un intitulé qui ne correspond pas du reste au contenu de son propos.


Je ne saurais trop conseiller de lire le démontage en règle (voir ici), réalisé par mon ami Eric Vinson, sociologue des religions qui a tâté du journalisme, dans l'excellent site La table des cathos de gauche (à retrouver ici).


Et je vais rajouter à son propos une conviction concernant la famille toujours la plus nombreuse chez les croyants survivants, les catholiques.


Après avoir reconnu la limite des données utilisées pour son analyse, la journaliste du Monde Leila Marchand annonce toute fière qu'elle va avancer « certains chiffres en revanche catégoriques » concernant le catholicisme. Et de tomber dans le panneau basique de croire que des les pratiques déclarés sont plus fiables, plus objectifs, que les croyances.


Se rendre le dimanche à l'église est un acte qu'on ne saurait assimiler systématiquement ni à une affirmation de foi, ni à l'acceptation d'un corpus de croyances. La pratique dominicale peut être une habitude, un rituel hebdomadaire détaché de tout rapport à Dieu et à Jésus. Parce qu'on a toujours fait ainsi et qu'on y retrouve sa famille avant de partager le rôti et les petits pois. Parce que certains s'ennuient le dimanche ou parce qu'il est de bon ton de se montrer dans les travées.


Dans le sens contraire, une personne qui ne franchit jamais la porte d'une église peut s'estimer un aussi bon catholique qu'une grenouille de bénitier. Par sa fréquentation de groupes catholiques, par la participation à des pèlerinages ou par sa relation personnelle à Dieu, Jésus ou Marie. Ou par sa conviction, au fond de son cœur, que tout ce qui dit l’Église catholique est bel et bon.


Seule une sociologie qualitative à base d'entretiens - comme « Qui sont les cathos aujourd'hui ? », enquête dirigée par Yan Raison du Cleuziou pour l'association d'intellectuels chrétiens Confrontations (DDB, 2014) - pourra saisir toutes ces nuances.


Étant, Dieu merci, dépourvu des pleins pouvoirs, je continuerai de crier en vain contre les statistiques religieuses. Et celles-ci feront toujours la une des magazines, engraissant les instituts de sondages.

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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 10:18

Mai, le mois des beaux jours revenus, des ponts et des congrès associatifs. Deux grandes familles d'apostolat catholique en profitent pour de réunir leurs troupes. Le CMR (Chrétiens dans le monde rural) tient son congrès national à Hazebrouck (Nord) du 14 au 16 mai (Ascension), devançant de quelques jours le rassemblement national de la Mission ouvrière du 23 au 25 mai (Pentecôte) à Lourdes.


Dans la présentation de ces deux rencontres, qui accueilleront chacune un millier de participants, on perçoit deux mots d'ordre - le changement et l'ouverture -, que l'on aurait tord d'assimiler légèrement aux refrains éternels des discours politique.


Pour la Mission ouvrière – qui regroupe des mouvements d'action catholique, des prêtres et de religieux-religieuses en milieux populaires – il s'agit de « se donner un nouveau cap ». Ses promoteurs souhaitent que le séjour lourdais « renouvelle sa démarche d'annonce et d'incarnation de la Bonne nouvelle de Jésus-Christ dans le monde du travail et dans les quartiers populaires ».


De son côté, le CMR veut « incarner le changement qu’il promeut », selon les mots de son président Xavier Bonvoisin, qui rappelle que « L’Évangile ne parle que la langue du changement : changement de cap, changement de mentalité, changement de comportement ».


Changeons donc, pour évoluer, ou pour ne pas disparaître, diraient les mauvaises langues.


Un autre thème fort, qui dépasse la convenance, est celui de l'ouverture. La Mission ouvrière le traduit en terme biblique dans l'intitulé même de sa rencontre « Élargis l'espace de ta tente ». La citation du Prophète Isaïe (54, 2) est présentée comme une réponse à l'appel du pape François, que l'on devine assez populaire parmi les organisateurs, à « rejoindre les périphéries humaines, urbaines, sociales ». Réalité qui n'est guère révolutionnaire au sein de réseaux habitués à s'adresser bien au-delà des cercles croyants.


Cette ouverture ne saurait négligeait la portée religieuse. La Mission ouvrière se définit, entre autre, comme un « réseau d'évangélisation », par trois moyens : l'éducation populaire, le service et l'action, et l’éveil à la spiritualité ».


Même teneur au mouvement Chrétiens dans le monde rural qui affirme que son temps fort « ne sera pas le congrès de l’entre soi ». « Nous avons besoin des autres pour nous renouveler et mieux comprendre les attentes de nos contemporains, écrit Xavier Bonvoisin. Nous allons nous nourrir de l’apport des membres du CMR, mais aussi de l’expérience de vie de tous les hommes et les femmes qui nous entourent ».


Au sein des deux réalités sociales, ouvrière ou rurale, en évolution, et au cœur d'une Église en tension sur sa manière de se positionner face au monde, on est en droit d'attendre du CMR comme de la Mission ouvrière des façons d'être originales. Histoire de tordre le coup au discours décliniste concernant cet apostolat, venant de ceux qui le déplorent comme de ceux qui s'en réjouissent.

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 17:28

La scène se passe dimanche 19 avril, gare Saint-Jean à Bordeaux. Je consulte le grand panneau d'affichage des départs et je lis sur plusieurs lignes successives : train de pèlerinage. La destination n'est pas mentionnée tellement dans le Sud-Ouest elle est évidente : Lourdes.


Au lendemain de la Semaine sainte, comme tous les ans, la saison des pèlerinages démarre à Lourdes. Les rideaux de fer des pensions de famille, fermées tous l'hiver, se lèvent pour attendre les premiers groupes. Les demandeurs d'emplois de la région vont trouver de l'embauche dans la restauration.


Venus des diocèses de France, d'Italie et d'ailleurs, des chrétiens vont vivre des journées particulières autour du Gave. Et vont retrouver courage grâce à l'histoire extraordinaire de la jeune bergère qui fait du bien, depuis un siècle et demi.


On sait que les pèlerins, quelles que soient leurs souffrances en arrivant, repartent tous de la cité mariale fortifiés, dans leur foi, leur cœur ou leur moral. On oublie souvent dans les statistiques sur la pratique religieuse cet élément non négligeable : les pèlerinages font recette. Moment souvent unique dans l'année, attendu et préparé, le séjour à Lourdes (ou à la Lisieux, Paray...) est une manière de montrer son attachement à la tradition catholique pour des personnes peu assidues à la pratique dominicale ou la prière personnelle.


Comme la pastorale des jeunes mise beaucoup depuis quelques années sur les temps forts (JMJ, rassemblement diocésains ou régionaux), la proposition du pèlerinage demeure très valable pour certains fidèles qui ont besoin d'événements fort en émotion et en expérience collective forte pour faire vivre leur foi. Les groupes emmenés par le Secours catholique à la Cité Saint-Pierre sur les hauteurs de la ville en sont la preuve.


Dernière réaction en observant cette annonce en gare : les trains de pèlerinage existent toujours. Dans sa politique de réduction des coûts, la SNCF est moins disposée à proposer des tarifs avantageux aux organisateurs de pèlerinages L’Église de France est mobilisée pour conserver de bonnes conditions de voyage. Les voitures aménagées pour les personnes alitées ou en fauteuil, si elles offrent un confort incomparable pour les malades, résistent difficilement aux froides logiques économiques (peu de personnes transportées, utilisation la moitié de l'année).


Je veux croire que la notion de service publique garde du sens chez certains dirigeants de la SNCF. Et j'espère voir encore longtemps dans les panneaux des gare l'annonce de trains de pèlerinage.

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6 avril 2015 1 06 /04 /avril /2015 10:37

Notre République laïque met en valeur ses grands grandes figures à travers la Légion d'Honneur trois fois l'an : le 1er janvier, le 14 juillet et... le dimanche de Pâques. La promotion annoncée le jour de la résurrection du Christ (voir la liste complète ici) compte deux prêtres catholiques : le dominicain Philippe Capelle, doyen honoraire de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, et le P. Guy-Joseph Criqui, aumônier militaire, ainsi que deux évêques aux profils très différents.


Le premier est une figure majeure de l’Église en France : Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des Évêques de France (1) depuis 2013. On peut même s'étonner que ce prélat discret né en 1943 n'arbore pas déjà la rosette, après une belle carrière : évêque à 45 ans, nommé à Digne (1988), La Rochelle et Saintes (1996) et enfin à Marseille (2006).


L'autre prélat honoré est inconnu de la majorité des catholiques du pays. Mgr Pierre Gaschy est évêque des îles Saint-Pierre-et-Miquelon, au large des cotes canadiennes. Né en 1941, deux ans avant Georges Pontier, cet Alsaciens d'origine n'a reçu la mitre qu'à 68 ans, en 2009.


Désigné comme nouveau chevalier par le ministère de l'intérieur et des cultes, le tarnais Georges Pontier dirige un archidiocèse majeur, créé (selon la tradition) au Ier siècle de l'ère chrétienne. Le million d'habitants du diocèse de Marseille, dont 68% de catholiques, bénéficie du soutien de quelques 270 prêtres.


On découvre Mgr Gaschy sur la liste du ministère de l'Outre-Mer. Il n'est pas à la tête d'un diocèse mais d'un vicariat apostolique - juridiction mise en place pour un territoire de mission, et en principe à titre transitoire (2) - , créé en 1970 pour succéder à une préfecture apostolique érigée elle en 1763. Les 6000 habitants des deux îles, Saint-Pierre et Miquelon, sont desservis à travers deux paroisses par trois prêtres – évêque compris -, tous membres de la congrégation missionnaire des spiritains. Le site internet du vicariat s'intitule joliment les cinq clochers (voir ici).


Merci à la République de mettre en avant de concert deux évêques si différents. Une nouvelle preuve de la pluralité de l’Église de France.

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2 avril 2015 4 02 /04 /avril /2015 07:08

Et si notre laïcité tricolore pouvait constituer un rempart contre les sentiments négatifs vis-à-vis des populations de culture musulmane ? On pourrait le penser en découvrant une étude menée chez nos voisins suisses.


Chaque canton de la Confédération helvétique mène sa propre politique de liens avec les Églises. Deux chercheurs allemands, rapporte l'agence ProtestInfo (voir ici), ont observé le regard porté par la population sur les musulmans (ou perçu comme tels), dans les cantons. Ils ont mis à jour un lien entre la culture chrétienne et la méfiance envers l'islam.


« Dans les cantons où prédomine une identité culturelle traditionnellement chrétienne, prise en charge par l’état, les personnes interrogées ont tendance à estimer qu’il y a trop d’immigrants musulmans dans le pays», expliquent Marc Helbling (Centre scientifique de recherche sociale à Berlin) et Richard Traunmüller (Université Goethe de Francfort-sur-le-Main). Dans ces mêmes zones, on avait observé la plus forte opposition à la construction de minarets, lors d'une votation en 2009 (voir ici).


Que peut-on conclure pour la réalité suisse, et un peu pour notre pays ?


Le discours d'accueil de l'étranger des Églises chrétiennes, solidement appuyé sur les Écritures et défendu par le magistère catholique comme par les autorités protestantes, demeure d'une efficacité limitée. En France, le vote pour l'extrême-droite séduit désormais les fidèles chrétiens, phénomène marginal il y a quelques années.


Une trop grande proximité entre le système politique et une tradition religieuse, même lurielle (catholique et luthéro-réformée) dans le cas suisse, semble légitimer une hiérarchie entre croyances. Et tendrait donc à expliquer un mépris plus grand envers des traditions religieuses nouvelles, celles qui « ne sont pas de chez nous ».


Enfin, l'étude suisse pour donner en creux du crédit à notre bonne vielle laïcité. En plaçant de la distance entre l’État et les cultes, elle a établi un principe d'égalité entre ces derniers. Aucune Église n'est plus importante aux yeux des autorités. Et elles méritent toutes le même respect – ou le même mépris si l'on est pessimiste– de la part des citoyens.


Comme l'actualité nous le prouve tout les jours, ces propos ne signifient en rien que la France soit plus tolérante ou plus accueillante envers les musulmans, ou les personnes perçues ainsi. Avec elles et toutes les autres, nous devons réussir à vivre en bonne intelligence. Faire diminuer la méfiance et demander en retour une volonté d'intégration.

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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 07:59

Deux ans après l'apparition du prélat argentin au balcon de Saint-Pierre, le monde entier a perçu qu'il se passait quelque chose dans le monde catholique. Tel le célèbre village gaulois, seule l’Église de France semble ne pas s'en rendre compte.


Contre cette apathie, cet aveuglement – je ne parle pas ici de la brochette d'évêques qui considèrent, sans rien dire, que ce pape est à peine catholique, et qu'il est le fruit d'une erreur d'aiguillage de l'Esprit -, trois personnalités sonnent le tocsin.


Guy Aurenche, présenté comme avocat honoraire, mais dont tout le monde connaît les engagements – aujourd'hui à la présidence du CCFD Terre solidaire, hier à l'Acat ; Catherine Billet, la dynamique déléguée générale de Pax Christi France ; et le journaliste essayiste Jean-François Bouthors signent un manifeste intitulé « Appel à un réveil ». Voici ici le texte, publié sur le site de la Conférence des baptisés de France.


Ce trio est résolument bergoglien et chante les louanges d'un homme « qui ose affronter des questions sensibles qui touchent la vie des croyants » et « appelle l’ensemble des fidèles à prendre la parole, à oser dire ce qu’ils vivent, quels malaises ils ressentent à l’écoute de certaines paroles stéréotypées ».


« Nous avons besoin d’une prise de conscience de l’ampleur du sursaut appelé par ce pape et de la nouveauté qu’il apporte ». Celle-ci s'exprime avant tout sur la forme. Mais elle est majeure. Les auteurs parlent d'une « réalité inouïe ». Sur les questions qui touchent à la famille, « chacun est appelé, s’il le veut, à s’exprimer ». Les règles ecclésiales se sont pas immuables et l'ère, wojtylienne, d'interdiction des débats, appartient au passé.


Puisque « ce temps est favorable à l’Évangile » et comme « il revient aux croyants d’en prendre conscience », nos trois militants exhortent leurs lecteurs à répondre à l'appel adressé en vue de la deuxième session du synode sur la famille, qui se tiendra en octobre à Rome. « Les Églises locales sont associées à un travail de discernement ; elles sont invitées à ne pas craindre le dialogue ».


Guy Aurenche, Catherine Billet et Jean-François Bouthors veulent convaincre celles et ceux qui doutent de l'efficacité de leur mobilisation, échaudés par un passé durant lequel la parole de la base n'avait aucun écho. « Dire ce que peut-être nous osions à peine penser, contribuer au renouvellement du langage de la foi, notamment sur les réalités familiales, appuyer les paroles et les gestes d’ouverture de notre pape, ce sera notre manière de participer à une réelle renaissance de l’Église »


Et l'occasion est à saisir maintenant. « Notre abstention, notre passivité, poussent l’Église à s’éloigner de la lumière de l’Évangile du Christ ». Le message est aussi valable pour les évêques de France qui se retrouvent à Lourdes du 24 au 27 mars pour leur assemblée de printemps.

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18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 06:45

Dans tous les diocèses de France, on potasse en vue du second synode romain sur la famille. Et le débat fait rage entre ceux qui demandent un changement de pratique pastorale pour les divorcés-remariés qui veulent recevoir les sacrements et les tenants du maintien de l'interdit actuel.


En Allemagne, les évêques ont carrément annoncé que, quels que soient les fruits les rendez-vous des évêques en octobre et les conclusions tirées par le pape ensuite, il publieront leur propre document (lire ici pour ales abonnés à "Urbi et orbi"). En France, on ne trouve pas encore de tels frondeurs. Mais certains prélats font passer des messages.


C'est le cas de Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Étienne, qui n'a jamais caché son style original. Et pas seulement en se promenant pied nu dans ses sandales, pleuve que vente (ou que neige, ce qui est fréquent dans sa région d'adoption). Ainsi, il lui est arrivé par le passé d'organiser des rassemblements diocésains sans les conclure par une eucharistie. Ou de chercher de nouveaux modes d'organisation pastorale que le quadrillage paroissial.


Le 20 mars, l'évêque a convié « les personnes divorcées vivant une nouvelle union » pour une soirée. Celle-ci avait pour objectif de « préparer son cœur pour la belle célébration autour de l’Évangile de Jésus », prévu samedi 4 juillet.


Le contenu de la lettre d'invitation (lire ici le texte intégral) est assez éclairant sur l'état d'esprit de Mgr Lebrun. A celles et ceux qui ont connu « la joie du mariage puis le drame de la séparation », l’Église de Saint-Étienne – l'évêque cite les prêtres, les diacres et les laïcs au service des paroisses - , essaye « de la manière la moins maladroite », de « manifester (son) amitié ». Une position de modestie et d'imperfection qui va plaire à celles et ceux qui fustigent souvent l’Église catholique pour son manque d'humanité.


« L’Église vous paraît, souvent, sévère, trop sévère. Beaucoup sont dans votre situation et sont éloignés de toute pratique religieuse », écrit l'évêque qui décrit ensuite les attitudes possibles des fidèles concernées : la demande d'une célébration pour une nouvelle union, la reconnaissance de la réalité vécue, ou la fidélité aux époux et épouses, bien que séparés.


Sa sollicitude pastorale va à « ceux et celles qui vivent une nouvelle union ». Il leur affirme : « vous n’êtes pas rejetés. Cela peut être difficile à croire sachant que vous n’avez pas accès à d’autres sacrements que votre baptême et votre confirmation ».


Et c'est pourquoi Mgr Lebrun et ses collaborateurs ont imaginé pour juillet une « belle célébration », dont il trace les contours. Elle se tiendra autour de l’Évangile de Jésus, souvent plus tendre que le Magistère de l’Église. « Nous rendrons grâce à Dieu pour tout ce qui est beau dans votre vie actuelle, y compris au sein de votre nouvelle union. Nous accueillerons la bénédiction du Seigneur. Confiant dans la miséricorde de Dieu, nous pourrons aussi demander pardon pour ce qui obscurcit notre chemin de vie, de foi et d’amour ».


Un rituel qui s'approche de la démarche pénitentielle vécue par certaines Églises orthodoxes en prélude à une reconnaissance religieuse d'une seconde union. On sait que cette hypothèse d'évolution portée par une aile du collège des Cardinaux comme l'allemand Karl Lehmann, bénéficie de la bienveillance du pape. Sans être la seule.


A défaut d'obtenir ce dont ils et elles rêvent, les divorcé(e)-remarié(e)s catholiques de la Loire se voient proposés une occasion de reconnaissance. Ils sont aujourd'hui en droit de se sentir pleinement dans la communauté et dans le cœur de l’Église. Espérons que, profitant des réflexions préparatoires au Synode romain, d'autres diocèses oseront des gestes de cette nature.

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 14:17
Avis aux Lyonnais

Vendredi 20 mars, je viens à Lyon pour signer mon livre

"Mariage pour tous, divorce chez les cathos"

(lire la présentation ici).


Rendez-vous à La Procure (9 rue Henri IV), de 16h à 18h30.


Au plaisir de vous y rencontrer.


Philippe

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Présentation

  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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