Depuis qu'un diocèse anglais a eu l'idée - ou la maladresse - de mettre en ligne la consultation proposée par le Saint-Siège pour préparer le synode extraordinaire sur la famille d'octobre 2014, il souffle un vent de démocratie participative sur l’Église catholique.
Pourtant le questionnaire en question est un mode ordinaire de consultation pour préparer les synodes d'évêques. Mais d'habitude, il reste sur le bureau des évêques, lesquels consultent qui ils veulent, discrètement, avoir de rendre leur copie à Rome.
Il se trouve que celui-ci est entre toutes les mains, et que, ce n'être peut-être pas un hasard, il concerne un sujet sur lequel les catholiques de base ont leur mot à dire. Sur la question des familles et de leur diversité, sur la sexualité.... et sa diversité, certains prétendent même que les laïcs sont plus savants que leurs pasteurs et prélats. Il s'agit sans doute de mauvaises langues.
Les fidèles en manque de démocratie se sont jetés sur l'occasion. La s (CCBF), faisant référence à son slogan « Ni partir, ni se taire », y voit « une chance de le mettre en acte ensemble ». « Il s’agit, de manière constructive, d’aider nos évêques à avoir la vision la plus réaliste possible sur toutes les questions qui touchent à la famille.»
La CCBF invite ses membres à travailler particulièrement les parties du questionnaire « concernant les unions libres ou les divorcés‐remariés (point 4), sur les unions entre personnes de même sexe (point 5), sur les méthodes naturelles de procréation (point 7). Exprimez‐vous, faites savoir ce que vous constatez, ce qui vous semble le plus urgent, qu’est‐ce qui fait obstacle à l’annonce de l’Évangile, qu’est‐ce qui est compris, qu’est‐ce qui ne l’est pas ».
Demandant à ses affidés d'adresser leur travail à leurs évêques et à elle-même, la CCBF promet de réaliser une synthèse. Celle-ci sera adressée à la Conférence des évêques de France et à Rome. Ce rapport risque fort de diverger de celui que l'épiscopat transmettra au secrétariat du synode.
Les délais de remise des textes étaient très serrés – avant janvier 2014 – les diocèses tentent de s'organiser au mieux. Le blogueur Marc Favreau a eu l'excellente idée de proposer un , à l'aide d'une carte. 20 diocèses étaient cités le 25 novembre au soir.
Parmi les plus motivés et réactifs, on trouve le diocèse de Créteil. Le service de pastorale familiale organise : lundi 25 novembre, sur les situations matrimoniales particulières (unions libres, divorces, remariages), jeudi 28 novembre, sur la préparation au mariage, les couples et les familles aujourd’hui, et enfin jeudi 5 décembre, sur les familles et l’éducation des enfants.
À Rennes, on perçoit un réel enthousiasme. « Les paroisses, services et mouvements doivent nous renvoyer un texte rédigé d’une page maximum pour chaque question », explique la déléguée à la pastorale familiale, qui attend « avec impatience » de lire ces synthèses qui permettront de « voir ce que vivent les personnes à la lumière de leur foi ». L'archevêque Mgr Pierre d’Ornellas, souhaite que « le texte circule ». « Je l’ai envoyé à tous mes curés et responsables de services diocésains en leur demandant de trouver des chrétiens pour travailler l’une ou l’autre question ».
L' « encourage vivement » ses diocésains à « apporter (leur) contribution à la réflexion des évêques »
Plus circonspect, , tente de tempérer les ardeurs potentiellement réformatrices de ses ouailles. « Certaines paroles du Pape ont pu être interprétées de façon erronée. La pratique de l’Église reste pour l’instant inchangée et, s’il y a une évolution dans l’avenir, elle sera d’une portée limitée. Le préfet pour la doctrine de la foi, Mgr Müller, vient de le rappeler clairement ».
Enfin, la palme de la démocratie ecclésiale et l'oscar de la diplomatie reviennent haut la crosse à l'évêque de Bayonne.« J’ai demandé, explique Mgr Marc Aillet, au responsable de la pastorale familiale du diocèse d’élaborer un document de synthèse à l’intention des laïcs qui n’ont pas forcément la formation nécessaire pour se saisir de ce texte ».
Les intéressés apprécieront : ils ne sont pas compétents pour témoigner sur les réalités de la vie de famille aujourd'hui. Ils pourraient faire de la peine à leur pasteur, très actif l'an passé pour défendre un modèle unique de famille.
Si il ne faut pas attendre de révolutions de cette consultation, car les évêques et le Saint-Siège en feront ce que bon leur, elle demeure une bonne chose. Le pape François donne la parole aux catholiques. Espérons qu'il saura les écouter.