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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 13:46

Dimanche 7 octobre sur un radio allemande, Mgr Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a confirmé ce que l'on pressentait : la fin des pourparlers sur le retour de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) au sein de l’Église catholique. Des signes en ce sens avait été donnés par des responsables intégristes, mais c'est la première fois qu'un haut responsable du Vatican l'exprime clairement.

 

Que cette parole soit portée à quelques jours du cinquantième anniversaire de ouverture du Concile ne relève sans doute pas du hasard. « L'Église n'a pas à négocier sur les fondements de sa foi, a dit le prélat allemand, qui a confirmé que les discussions avaient été interrompues et qu’il ne croyait pas qu’elles seraient relancées.

 

Si donc, la main tendue de Rome n'a pas trouvé pas preneur, Benoît XVI ne pourra pas venger le cardinal Ratzinger. Alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il était l'émissaire de Jean Paul II et chargé de la conciliation de la dernière chance, le matin même de la quadruple ordination épiscopale de 1988.

 

S'agit-il pour autant d'un échec, pour le pape ou pour l'ensemble de l’Église ? Je ne le pense pas. Il convient de féliciter le pape pour sa fermeté et, surtout, de le convaincre que cet apparent fiasco cache une belle réussite.

 

1. Il apparaît clairement que l'échec est dû à l'intransigeance unilatérale du camp intégriste. Rome a fait tous les efforts possibles et donné tout le temps raisonnable à ses interlocuteurs. Lesquels n'ont eu de cesse de demander des amendements au texte présenté par Rome. On ne saurait imputer ce résultat au Saint-Siège.

 

2. Le statu quo apporte une clarification sur qu'est l’Église catholique romaine. Il y a 50 ans, lors du Concile Vatican II, elle a choisi une orientation nette dans trois domaines importants et connexes – liberté religieuse, œcuménisme, dialogue avec les autres religions. Même au nom de la diplomatie ou de la charité chrétienne, il n'est pas possible de revenir sur cet ADN catholique. Ce qu'a réaffirmé justement Mgr Müller.

 

3. Certains catholiques qui veulent pousser plus loin l'aggiornamento voyaient s'effondrer cette possibilité dans un accord funeste. Ils vont retrouver confiance dans la sagesse de l’institution. La boussole conciliaire demeure 50 ans après, et peut donc, un jour, être réactivé pour une nouvelle expérience de remise à jour.

 

4. Le temps du dénigrement de tout ce qui n'est pas catholique est bien révolu. En le réaffirmant, l’Église conserve sa crédibilité dans les débats qui agitent l'agora des philosophies et des religions. Tant que l'ombre du négationniste Mgr Williamsson (ni réintégré, ni excommunié, dans un statut incompréhensible pour le communs des fidèles) planait autour du Vatican, cette position était compromise, notamment pour les relations judéo-chrétiennes.

 

5. Les équipe du Saint-Siège travaillant sur la question depuis des mois, comme les journalistes et blogueurs spécialisés dans la galaxie catholique, vont pouvoir enfin, fermer le chapitre interminable de ces négociations.

 

Pour ces cinq raisons, je veux affirmer cet oxymore  : vive l'échec.

 

Le deuil de la résolution du schisme doit être vécu dans la sérénité. Les Lefebvristes les plus conciliaro-compatibles vont s'intégrer dans le dispositif existant – les groupe de 'ralliés' mis en place par la commission ecclesia Dei – et les autres resteront dans leur galaxie.

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 21:20

 

Pour une fois dans ce blog, je vais parler de moi et ne dire du mal de personne.

 

Samedi 29 septembre, j'ai participé à une réunion d'anciens amis en Gironde. Nous étions une trentaine, entre 35 et 50 ans, venu(e)s de Paris, Nantes, Barcelone et, en majorité, du Sud-Ouest. Nous avons joué, parlé, bu, mangé, dansé. Nous avons évoqué nos vies, nos familles, nos boulots, nos envies et nos soucis. Et la nuit fut courte.

 

Notre point commun : les camps sous tente organisés dans les Pyrénées par l'Aumônerie catholique de l'Enseignement public de Bordeaux entre 1982 et 1994. Durant douze ans, comme collégiens ou animateurs (étudiants ou jeunes professionnels), souvent les deux à quelques années d'intervalle, nous avons vécu des séjours estivaux inoubliables.

 

A travers les images, sont réapparus les marches en montagne, les jeux, la convivialité, bien sûr mais aussi les temps de réflexion spirituels et les célébrations. Les premières amours également : nombre de couples y sont nés ou s'y sont épanouis.

 

Un quart de siècle après, combien d'entre nous sont des piliers de paroisses ? Une poignée. Beaucoup ne fréquentent guère les églises - certains ne pratiquaient pas non plus à l'époque - ou ne définissent pas comme chrétiens.

 

La n'est pas l'essentiel. Pour la plupart d'entre nous, l'aumônerie de notre jeunesse demeure un des plus grands lieux d’Église de notre existence, quand ce ne fut pas le seul. Toutes et tous, nous savons devoir ces moments fondateurs de nos existences à quelques personnages : un prêtre au charisme flamboyant, des religieuses attentives, des aumôniers laïcs généreux.

 

Ils nous ont appris à devenir adultes en nous confiant des jeunes. Ils nous amenés à nous positionner dans notre foi, balbutiante ou assumée. Ils nous ont aidé à devenir des enseignants, des soignants, des éducateurs, une architecte, un imprimeur, un journaliste ou.... un pilote d'avion. Mais aussi des parents qui nous appliquons à transmettre à nos enfants les valeurs acquises durant ces séjours.

 

Peut-être un visiteur extérieur ce soir-là n'aurait pas perçu le lien spirituel entre nous tous. Pas de croix dans la salle, pas de temps de prière. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux » dit Matthieu (18, 20). Dieu était présent, bienveillant, tout comme comme notre aumônier, pourtant à 800 km de nous.

 

En regardant les diapositives, nous avons retrouvé des visages et des noms que l'on croyait prisonnier pour toujours dans nos mémoires. Et devant l'image, en aube de célébrant, de celui qui fut le maître spirituel - et l'ami - de beaucoup, l'émotion du groupe était évidente.

 

Sans lui, beaucoup d'entre nous auraient agi comme la majorité de nos contemporains et rejeté une Église catholique qui n'avait pas grand chose à leur dire. Sans lui, vous ne liriez pas ces lignes car ce blog n'existerait pas. Il faut aimer l’Église pour la titiller et cet attachement, je le lui dois en grande partie. Sans cet aumônier, ses collègues et successeurs, je n'aurais pas consacré 20 ans de ma vie professionnelle (octobre 1992 – octobre 2012) à la presse chrétienne.

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 06:56

 

On a beau le savoir, cela demeure toujours aussi difficile à admettre. L’Église catholique est une gérontocratie. Une petite info relevée par le Carnet de La Croix (24 septembre) montre que cette réalité demeure.

 

On y apprend que, vendredi 21 septembre, la Confédération bénédictine, qui regroupe 23000 disciples de saint Benoît, a décidé de réélire à sa tête l’Allemand Notker Wolf [http://fr.wikipedia.org/wiki/Notker_Wolf], pour quatre ans. L'homme est âgé de 72 ans et assure la fonction de primat depuis 12 ans déjà. A voir sa photo, le P. Wolf jouit d'une bonne forme physique. Guitariste et flûtiste, il a participé à un groupe de rock il y a quelques années, montant sur scène à l'occasion. Sans doute était-il plus fringuant à 60 ans, quand il a pris son poste, qu'il le sera en 2016, quand il aura 76 ans et achèvera son mandat.

 

Un tel choix est décevant de la part du monde monastique dont la tradition permet ainsi à des anciens hauts responsables de redevenir simple moine sans disgrâce aucune. Chose impossible pour un évêque. S'il ne fut que quatre ans à la tête de l'Ordre dominicain, le frère Timothy Radcliffe fait bien mieux rayonner sa vision du monde aujourd'hui que s'il était resté en responsabilité.

 

Au moment où l’Église catholique se penche sur la question de la nouvelle évangélisation, l'heure n'est toujours venu au rajeunissement des cadres. On observe même parfois le phénomène inverse. A Rome, le pape rechigne à remplacer ses principaux collaborateurs qui ont dépassé l'age légal de la retraite chez les prêtres : 75 ans. On pense ainsi au numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, lequel devrait jouir de la retraite depuis... décembre 2009. Et la plupart des chefs de congrégations ou de conseils pontificaux ont passé les 70 ans.

 

On se souvient que durant les dernières années de son pontificat. Jean Paul II, malade, avait refusé de se séparer de sa garde rapprochée, qu'elle soit au Vatican – Joseph Ratzinger avait vu sa démission refusée – ou ailleurs, comme à Paris ou le cardial Lustiger, également souffrant, a du jouer les prolongations à contre cœur. Actuellement, les cardinaux-archevêques de Cologne, Lisbonne, Madrid, Buenos-Aires, Chicago ont La Havane ont dépassé l'âge légal.

 

Hélas, l’exception va bientôt devenir règle. Le Vatican se prépare à acter que la limite des 75 ans, sagement fixée par Paul VI en 1966, pourrait être dépassée sans souci pour certains postes jugés pas trop exigeant physiquement. À la Curie dans un premier temps, et peut-être dans les diocèses. De quoi fait penser au mandat à vie, en vigueur dans nombre d’Églises orientales.

 

Déjà en France, un prélat en bonne santé physique de 75 ans ne voit pas sa démission acceptée avant plusieurs mois. A fortiori, si le diocèse est important. Il va bientôt falloir apporter un certificat médical pour être décharger de sa mission !

 

Sans parler de l'image donnée, la prééminence des anciens est un handicap pour que l'institution jouisse d'une bonne compréhension de la situation et des évolutions d'un monde. Surtout quand celui-ci qui tourne dix fois plus vite qu'à l'époque où les vieux messieurs qui dirigent l’Église ont étudié dans des séminaires souvent peu ouverts à leur temps.

 

En Occident, les peuples se dotent de chefs politiques plus près de 60 que de 80 ans. Le suffrage universel faisant le reste pour éviter les trop longs baux. Dans les hautes sphères catholiques, il revient à la structure même de réguler l'âge de ces cadres.

 

Sauf à vouloir fournir une nouveau motif de procès en archaïsme.









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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 06:32

 

Mardi 11 septembre, le cardinal André Vingt Trois, président de la Conférence des Évêques de France, rencontrait la presse pour évoquer les visites ad limina des évêquesde France http://www.eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/espace-presse/dossiers-de-presse/visites-ad-limina-des-eveques-francais-14917.html

prévues entre septembre et novembre prochain. Il s'agit d'une voyage périodique à Rome– le dernier date d'il y a 8 ans – durant lequel les évêques rencontrent les responsables des services du Vatican et évoquent les réalités vécues et les questions pastorales.

 

« La question des négociations avec la Fraternité Saint Pie X ne sera pas absente des échanges lors de nos rencontres », a précisé le cardinal. Il s’agit la d'un bel euphémisme, tant les interminables discussions entre Rome et Mgr Fellay demeurent un sujet sensible dans bien des diocèses de France.

 

L'archevêque de Paris, comme son mentor Jean-Marie Lustiger n'a jamais porté les courants intégristes dans son cœur. « La copie de la Fraternité est renvoyée à chaque fois », fait-il remarquer pour rappeler que Rome n'a, pour l'heure pas cédé à l'intransigeance de ses interlocuteurs qui veulent réintégrer le giron romain sans rien renier de leurs convictions et de leur vision divergente de l’Église.

 

On a fait remarquer que l'Institut du Bon Pasteur, installé à Bordeaux depuis plus de cinq ans, ne s'était jamais intégré au travail du diocèse. « L'expérience du Bon Pasteur n'est pas l'unique tout modèle de réconciliation, donc n'est pas significative, a répondu Mgr André Vingt-Trois, bien conscient de la difficultés de ce genre de greffe. Le cardinal Ricard [archevêque de Bordeaux] a fait une évaluation. On attend ce que va dire Rome. Mais la négociation avec la Fraternité Saint-Pie X est d'un autre ampleur » De toute façon, la décision sera prise entre Rome et Ecône et la France n'aura pas grand chose à dire.

 

Le cardinal a laissé entrevoir sa position et son exigence dans le dossier en évoquant un « point sensible ». Le nature posé et diplomatique du prélat fait merveille pour dire ce qu'il a sur le cœur, sans agressivité aucune et tout en ménageant l'avenir. « On ne peut se réconcilier sans accepter de reconnaître ce que vit l'autre. Quand un prêtre ou un organisme me dit que la messe que je célèbre est hérétique, nous ne sommes pas dans une dynamique de réconciliation ».

 

« Les intégristes pratiquent différemment. Je le conçois. Je demande le respect en retour ». Une exigence qui paraît minimale, mais qui, à en croire le prélat, n'existe pas chez les partenaires du dialogue..

 

Ces quelques phrases laissent entrevoir un sentiment double chez le prélat. Une espère de schizophrénie que les politiques connaissent. Si le cardinal de l’Église catholique, soucieux de l'unité de celle-ci, souhaite la réconciliation avec les disciple de Mgr Lefebvre, on se demande si l'archevêque de Paris, à la tête des évêques de France, désire réellement que cet accord.

 

Car il en connaît parfaitement les conséquences pastorales.

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 13:03

Créée à l'initiative du cardinal Lustiger en 1999, la chaîne catholique KTO n'a pas précisément la réputation d'être rigolote ou ludique. La colonne vertébrale de sa grille – laudes, chapelet et Vêpres depuis Paris ou Lourdes -, tout comme la forte présence papale en font un produit peu propice à la détente.

 

Il va falloir désormais penser autrement. Déjà l'an passé, le Cathologue est venu perturber les habitués des contenus idéologiques très sûrs. La mini-série de quatre minutes met en scène un duo d'étudiants cathos. Le premier, bon croyant mais bredouillant, tente d'expliquer sa foi sans succès pendant que son acolyte, moins au point au niveau religieux mais plus direct et meilleur communicant, transforme la séquence en un échange loufoque et théologiquement iconoclaste.

 

Si le caractère comique est inégal – et différemment apprécié par les fidèles de KTO - l'originalité du style est louable. Et surtout, il montre la possibilité de parler de foi de façon totalement décomplexée. Quitte à aboutir à « du grand n'importe quoi », selon les mots de la directrice des programmes, Philippine de Saint-Pierre. Plébiscité sur les réseaux sociaux et sur le site internet de la chaîne, le Cathologue poursuit donc sa route baroque cette année.

 

La grande innovation de la rentrée de la chaîne catholique est un jeu. Oui, un jeu télé classique avec un animateur, des candidats, des questions, trois réponses possibles, des buzzers, une finale et des cadeaux. A la baguette de QCM « Quiz du chrétien en marche », on trouve une espèce de gendre idéal avec sourire incorporé, inconnu du PAF, répondant au nom de Charlie Clark.

 

Quand il ne sévit pas sur KTO, l'homme est magicien. Pour parler de culture religieuse, il fallait bien ça. Car les questions, tout de même, répondent au cahier des charges de la chaîne. Il s'agit de tester sa culture chrétienne et biblique. Dans l'extrait présenté à la presse, les trois candidats devaient donner le nombre exact de pains et de poissons obtenu lors d'un fameux miracle.

 

Et comme sur le plateau de Julien Lepers, le candidat en tête peut choisir son thème : Bible, saints et saintes, liturgie... Le tout est vécu dans la bonne humeur. Bientôt, un espace sur le site internet permettra de se tester sur des questions et de faire acte de candidature.

 

Personne ne deviendra millionnaire, le budget de KTO n'égalant pas celui de TF1 même en crise. Les perdants rentreront chez eux avec des livres et des jeux. Quand au grand vainqueur du mois, il gagnera un voyage au soleil, comme avec Nagui. Mais il s'agira pas d'un séjour en Hôtel club all inclusive (1), mais d'une semaine en Terre sainte.

 

Il reste à savoir si, à l'instar des enseignants à la retraite de Questions pour un champion ou du Jeu des mille euros, le QCM sera l'apanage des diplômés en théologie.

 

Rendez-vous samedi 8 septembre à 21h45 (ou dimanche à 19h40), ou sur internet.

 

(1) Formule tout compris : logement, restauration, animation...

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 12:38

 

L'assemblée du Forum international d’Action catholique (FIAC), organisé du 22 au 24 août à Iaşi (Roumanie) avait pour thème « Corresponsabilité ecclésiale et sociale ». En cette année de commémoration conciliaire, Benoît XVI a rédigé un texte très encourageant sur le rôle des laïcs. Conscient que certaines intuitions de Vatican II avaient du plomb dans l'aile, il a appelé à un « changement de mentalité », sur le rôle des laïcs dans l’Église, qui doivent être « considérés non pas comme des 'collaborateurs' du clergé, mais comme des personnes réellement 'coresponsables' de l’être et de l’agir de l’Église ». Voici qui devrait combler tout ceux (et celles) qui pensent que les clercs ne doivent pas décidés seul de l'avenir de l’Église.

 

Benoît XVI demande aux laïcs de « s’approprier l’engagement à œuvrer pour la mission de l’Église (prière, l’étude, la participation active à la vie ecclésiale) », ceci avec « un regard attentif et positif envers le monde, dans la recherche continuelle des signes des temps ». Encore un clin d’œil à Vatican II bienvenu chez un homme souvent fâché avec son époque. On apprend également que le « charisme » des laïcs « assume la fin apostolique de l’Église dans sa globalité, en équilibre fécond entre Église universelle et Église locale ». Parfait, les simples baptisés sont donc en phase avec « l'élite » des ordonnés (en deux mots...).

 

C'est alors que le vent de liberté est quelque peu douché. Le pape appelle les laïcs à « assumer et partager les choix pastoraux des diocèses et des paroisses ». Lesquels sont sont la prérogative de l'évêque. Il n'est là plus question de corresponsabilité dans la prise de décisions. L'égalité entre clercs et laïcs en reste donc au niveau de l'exécution – ce qui n'est pas si mal – mais pas de l'orientation générale qu'il est parfois difficile de « partager » et donc d' « assumer ». Je demeure un grand naïf.

 

Ne boudons pas notre plaisir, car le reste du texte est positif. Les laïcs sont appelés à « offrir leur disponibilité pour participer, à tous les niveaux de la vie sociale, culturelle et politique » ayant toujours pour fin « le bien commun ». Pour mener une vie « transparente», « guidée par l’Évangile » et « éclairée par la rencontre avec le Christ, aimé et suivi sans crainte », Benoît XVI les encourage à « être des témoins courageux et crédibles dans tous les milieux de la société ». Si j'étais mauvaise langue, je noterais que l'on demande aux laïcs d'être crédibles dans leur témoignage, comme si d'autres témoins l’étaient moins. Mais, c'est mesquin. D'ailleurs je ne l'ai pas dit.

 

Alors concluons joliment avec les propos papaux. Par les laïcs, l'Évangile est « lumière qui porte espérance dans les situations problématiques, de difficultés, d’obscurité » du monde actuel. Et de les exhorter à devenir, au cœur du monde, « un laboratoire de mondialisation de la solidarité et de la charité», dotés du « courage de formuler des propositions exigeantes », afin de « grandir, avec toute l’Église, dans la coresponsabilité d’offrir un futur d’espérance à l’humanité ».

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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 10:24

 

La désormais fameuse  Prière pour la France du 15 août, proposée par le cardinal André Vingt-Trois aux curés de France, a fait couler beaucoup d'encre.

 

La quatrième intention : « Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère » a été vue,à raison, comme une opposition au projet gouvernemental de mariage homosexuel. On trouvera ici un florilège de réactions sur le blog des paroissiens progressistes  ou dans La Croix. 

 

Un sondage, effectué ce mois -ci par l'ifop pour La lettre de l'opinion indique que 45% des catholiques pratiquants sont favorables aux mariages homosexuels et 36% favorables à l'adoption par des couples de même sexe. On peut parler d'une opinion catholique divisée.

 

Le Figaro a demandé son avis à l'autre tête de l'épiscopat français, le cardinal Philippe Barbarin,

Comme toujours, la prose de l'archevêque de Lyon est riche et m'inspire quelques remarques.

 

Tout à fait d'accord avec Philippe Barbarin qui redit en quoi la prière, même pour la chose publique, n'est en rien contrainte par la laïcité, ce que semble refuser certains. C'est devenu récurrent dans les propos d'évêques aujourd'hui : expliquer sans cesse ce qu'est et n'est pas cette foutue laïcité que les gens (et les politiques les premiers) ne comprennent (et ne travaillent) pas.

 

Par contre, je ne suis pas (du verbe suivre) le cardinal dans son couplet « l'heure est grave. C'est une rupture de civilisation ». Pas seulement parce qu'à titre personnel, je n'ai rien contre le mariage gay. Mais cette dramatisation est en contradiction même avec le début de l'interview et son évocation d'une famille rom qui a obtenu un visa de séjour. La civilisation est un danger par endroit, mais non pas là. La mémoire de l'Abbé Pierre, star de l'été, serait-elle déjà oubliée ?

 

Enfin, je m'interroge sur cette phrase lancée par le prélat à nos législateurs : «  Je ne voudrais pas qu'ils se croient la mission de changer le monde ». Comment peut-on croire et encourager le politique comme le font nos épiscopes depuis quelques décennies et tenir un tel propos ! Le cardinal pense-t-il que changer le monde signifie tout mettre par terre dans un fantasme néo-soixante-huitard de type ratzingérien ? Ou que le monde ne peut vivre que selon les règles familiales étroites que défend – un peu seule aujourd'hui – l’Église catholique.

 

Je ferai grâce au cardinal, capable de citer la Bible en donnant le numéro de verset - de quelques passages évangéliques appelant à séparer affaires civiles et religieuses.

 

Pour conclure, et pour nous réconcilier avec les prélats qui tentent de diriger nos âmes, n'oublions pas la première des intentions de prière proposées par l'archevêque de Paris, que je signe avec enthousiasme : « En ces temps de crise économique, beaucoup de nos concitoyens sont victimes de restrictions diverses et voient l’avenir avec inquiétude ; prions pour celles et ceux qui ont des pouvoirs de décision dans ce domaine et demandons à Dieu qu’il nous rende plus généreux encore dans la solidarité avec nos semblables ».

 

 

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 15:09

 

Dans un précédent billet, j'ai eu l'occasion de dire du bien du cardinal Christoph Schönborn. L'archevêque de Vienne avait décidé, contre l'avis du prêtre responsable, de maintenir un laïc élu au conseil paroissial vivant en couple homosexuel.

 

Le prélat est aux prises avec une rébellion de prêtres sans précédent dans l'époque récente : le mouvement des prêtres désobéissants, mené par un de ses anciens collaborateurs.

 

Après avoir temporisé, tandis que Rome l'enjoignait de réprimer la mutinerie avant qu'elle ne fasse tâche d'huile, il commence à sanctionner. Ou du moins à tenter de faire. On pense à ce prêtre-doyen, sommé de choisir entre sa signature au pacte des agitateurs et sa fonction ecclésiale, et qui a préféré cesser celle-ci pour redevenir un simple prêtre, toujours « désobéissant ». Les prêtres seraient désormais interdits de voyager et de propager leurs mauvaises pensées.

 

Une interview à la revue catholique américaine Our Sunday Visitor, datée du 15 juillet 2012, donne une idée de la méthode du cardinal. Il commence, défense classique, par mettre en cause le traitement médiatique. « C'est une longue histoire que les médias simplifient pour faire les titres. Le mot désobéissance fait un titre magnifique ». Ce n'est pas faux, M. le cardinal, quand on parle d'une institution qui insiste tant sur l'obéissance et fonctionne de manière uniquement verticale.

 

Après quoi, le prélat met en cause la tactique de ses « adversaires ». « Le groupe de prêtres a choisi le mot pour attirer l'attention ». C'est juste, et les autorités ecclésiales devront désormais affronter des contradicteurs à la stratégie affinée, qui utiliseront toutes les ficelles pour se rendre sympathiques à l'opinion.

 

Sur l'ordination des femmes, un des points sur lesquels le groupe souhaite voir des évolutions, le cardinal se contente de rappeler « la doctrine claire de l’Église », sans se risquer à exprimer son sentiment. Concernant un autre point de tension, la revendication de prêcher pour les laïcs, il s'en sort par une pirouette. « Il est bon pour les fidèles laïcs de prêcher, mais par leur vie, en travaillant et en agissant. Chaque baptisé peut être un messager ».

 

La réponse de Mgr Schönborn sur le sujet, délicat, des divorcés-remariés, est plus intéressante. « C'est une question brûlante car elle touche beaucoup de gens », reconnaît d'abord le cardinal, comme un politique roué qui veut amadouer son interlocuteur avant d'attaquer le cœur du problème. La suite de son propos , tentative de détournement de la question, est édifiante. « Je ne comprends pas pourquoi la seule question qui semble intéresser tout le monde dans la discussion est de savoir s'ils [les divorcés-remariés] peuvent aller communier ».

 

Mais, M. le cardinal, l'unique souci est là. Les personnes concernées par une deuxième union ont le droit d'assister à la messe, de participer à toutes les activités paroissiales, d'être catéchistes. Une récente histoire française – la rupture de contrat avec un directeur diocésain de l'Enseignement catholique qui a pris une nouvelle femme – montre que la tolérance a ses limites dès que l'on occupe des postes hauts placés.

 

Surtout, Christoph Schönborn semble considérer l'accès à l'Eucharistie comme un élément parmi d'autres de la vie chrétienne, qui ne devrait pas concentrer toute l'attention (ou la tension...). Et là, il est difficile de le suivre.

 

Soit l'Eucharistie demeure la source et le sommet de toute vie chrétienne, selon l'antienne martelée depuis le Concile. Alors l’Église doit tout faire pour qu'un maximum de fidèles, dans la réalité de leur situation personnelle, puisse en bénéficier.

 

Soit, la communion au corps et au sang du Christ n'est qu'un élément de la messe parmi d'autres, au même titre que la méditation de la Parole ou le rituel pénitentiel. Auquel cas, on peut effectivement réfléchir sur qui est habilité à présider une telle cérémonie. Ce qui ce serait pas pour déplaire, entre autres, aux activistes autrichiens.

 

Pour étayer son propos, le cardinal liste les conséquences du remariage que ses détracteurs semblent oublier : « qu'arrive-t-il aux enfants, aux épouses abandonnées, quelles conséquences psychologiques de la rupture de la promesse ? » Toutes questions que la société peut prendre en charge. Et qui ne concernent pas uniquement la vie chrétienne des personnes concernées et la discipline sacramentelle.

 

Aucun homme d’Église intelligent et sensible, et l'archevêque de Vienne a montré qu'il émargeait clairement dans cette catégorie, ne peut aujourd’hui défendre l'indéfendable.

 

Il est grand temps que Rome arrête d'imposer à ses cadres ces tours de passe-passe rhétoriques qui ne convainquent plus personne. Des gens souffrent, des pasteurs trichent ou ferment les yeux, l'image de toute l’Église est décrédibilisée. Pour combien de temps encore ?

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 07:27

 

Dans un récent billet, le toujours pertinent Marc Favreau raconte qu'il a récupéré une note doctrinale égarée sur le net et dont le titre avait de quoi laissé perplexe : « Peut-on baptiser les enfants de couples homosexuels ? ». Quitte à poser des questions pastorales idiotes, allons-y : « Faut-il baptiser les enfants de mufles ?

 

Je m'explique. Dimanche, dans ma paroisse (voir le récit de la fête de celle-ci dans mon billet précédent), c'était jour de baptême. Par chez moi, les baptêmes de nourrissons se déroulent à l'issue de la messe, histoire de prendre son temps pour le sacrement sans pour autant retarder les paroissiens. Et si les parents-parrains-marraines-tontons-tatis-papys-mamies sont bien sûr conviés à l'eucharistie paroissiale de 11h, ils retiennent en pratique comme heure de convocation 12h. Comme ça c'est plus vite fait, et l'aîné des enfants dispose de moins de temps pour flinguer ses chaussures neuves.

 

Au moment de la communion, de petits groupes ont commencé à s'agglutiner devant les cierges, à mi-nef sur la droite. Et là, étais-je distrait (ce qui est mal à ce moment de l'office) ou simplement placé du mauvais coté, je me suis rendu compte, que ces gens-là (comme disait Jacques) se comportaient quasiment comme s'ils étaient sur le parvis de l'église.

 

Comme la pluie était au rendez-vous, les effusions de retrouvailles, les compliments pour le tailleur neuf de Madame ou la coupe de cheveux du petit dernier, les commentaires avisés sur le nouveau caméscope de poche acquis pour l'occasion par Tonton Roger se déroulaient à quelques mètres de moi.

 

Pas à voix haute, non. Mais une vingtaine de personnes qui chuchotent plus ou moins, cela fait quand même du bruit. Et comme personne n'a eu la bonne idée de demander à l'organiste de jouer plus fort, le temps de recueillement qui suit la réception de l'eucharistie a été quelque peu perturbé. Du moins pour les paroissiens disposant de tympans en état correct.

 

J'ai bien hésité à faire mon petit scandale et à leur demander – à voix haute – si les paroissiens ne les dérangeaient pas trop en retournant à leur chaise. La sagesse venant en vieillissant, je n'ai pas bronché.

 

J'ai essayé d'imaginer ce qui se passait au même moment dans la tête du célébrant. Celui-ci, stoïque et habitué (résigné) à cette drôle de clientèle, a fait venir les bambins près de l'autel pour qu'ils reçoivent les applaudissements de l'assistance, avant la bénédiction finale. Je n'ai pas pu applaudir, ce qui, j'en conviens, n'est pas gentil pour les futurs baptisés, lesquels ne doivent pas payer la muflerie de leurs géniteurs et ancêtres.

 

J'ai songé aux débats lancés périodiquement dans la presse locale dès qu'un prêtre ose refuser un sacrement. Je pense à la bénédiction de mariage catholique demandée par un couple qui refuse d'accueillir des enfants (cas difficilement plaidable), ou à des parents qui annoncent fièrement que l'enfant qu'ils amènent au baptistère ne recevra aucune éducation religieuse (1).

 

Oui, baptisons ces enfants qui méritent le regard de Dieu (ils sont aimés de lui à la naissance) et l'affection de la communauté des croyants. Et faisons tomber une pluie de malédiction sur cette engeance de vipère qui vient consommer du sacrement gratuit sans aucune considération pour le célébrant, les fidèles et le sens de leur geste.

 

Ça va mieux. Je vais me calmer.

 

(1) Je sais que nombre de leurs collègues mentent, les chiffres de la catéchèse le démontrent.

 

 

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 09:48

Dimanche dans une paroisse ordinaire. Le curé fête ses 40 ans de sacerdoce. La paroisse a tout préparé pour que la fête soit belle. Dans la cour du collège-lycée catholique, celles et ceux qui ne sont pas déjà partis sont là pour entourer leur pasteur. Sa famille est venue de tout le département et d'ailleurs. Le ciel est menaçant mais les nuages ne feront que passer.

 

Pour illustrer le texte de Paul aux Corinthiens sur le corps qui a besoin de tous ses membres, les enfants sont sur l'estrade devant l'autel tenant des panneaux représentant l’œil, le pied, la main, les oreilles et la tête. Les Scouts et Guides de France se mêlent aux Scouts unitaires. Dans l'assemblée, les anciens et les familles avec enfants et poussettes voisinent avec les familles africaines.

 

Après la messe, l'apéritif est festif, les petits se ruent sur les chips. Puis vient le repas partagé, lancé par un bénédicité gestué et rythmé par les adolescents et repris par tous. Au menu, du classique : salades, tartes, viandes, puis gâteaux, fruits et cafés, le tout apporté par les convives.

 

Rapidement les jeunes désertent les tables pour se retrouver dans les stands de jeux montés et animés par les scouts. Les ballons volent. Une lycéenne se promène l'appareil photo en bandoulière, histoire d'immortaliser l'événement. L'animateur avec son micro sans fil donne la parole à chacun. On se précipite quand une bourrasque malmène les auvents.

 

La Chorale du Soleil fait résonner ses chants africains et l'assistance reprend les refrains. Bientôt, un chanteur professionnel, venu de Paris, par amitié pour le curé, monte sur scène avec deux musiciens. On chante, on tape dans les mains et on prie.

 

Le maire, fraîchement élu député, vient faire un tour discret dans le public, avant de féliciter l'artiste. Le héros du jour, souriant et détendu toute la journée, prend la parole une dernière fois pour rendre grâce et remercier tous les artisans de la fête.

 

Dimanche prochain, la communauté catholique locale reprendra son train-train.

 

C'était une fête comme il y en a mille, partout en France et ailleurs. Une fête de la diversité, une fête modeste, une fête qui ne fera pas la une des gazette.

 

Une fête paroissiale, dans ma petite ville et une bonne journée passée en famille, bien loin des polémiques ecclésiales et des intrigues romaines.

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  • : Le blog de cathoreve
  • : Philippe Clanché, journaliste religieux, collaborateur de Nouvelle Cité, Témoignage chrétien, Réforme ou La Vie. Au menu : émergence d'un catholicisme ouvert, décoincé et qui puisse parler à notre temps. Bon appétit. On peut me suivre sur Twitter : @pclanche
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