Dimanche 7 octobre sur un radio allemande, Mgr Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a confirmé ce que l'on pressentait : la fin des pourparlers sur le retour de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) au sein de l’Église catholique. Des signes en ce sens avait été donnés par des responsables intégristes, mais c'est la première fois qu'un haut responsable du Vatican l'exprime clairement.
Que cette parole soit portée à quelques jours du cinquantième anniversaire de ouverture du Concile ne relève sans doute pas du hasard. « L'Église n'a pas à négocier sur les fondements de sa foi, a dit le prélat allemand, qui a confirmé que les discussions avaient été interrompues et qu’il ne croyait pas qu’elles seraient relancées.
Si donc, la main tendue de Rome n'a pas trouvé pas preneur, Benoît XVI ne pourra pas venger le cardinal Ratzinger. Alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il était l'émissaire de Jean Paul II et chargé de la conciliation de la dernière chance, le matin même de la quadruple ordination épiscopale de 1988.
S'agit-il pour autant d'un échec, pour le pape ou pour l'ensemble de l’Église ? Je ne le pense pas. Il convient de féliciter le pape pour sa fermeté et, surtout, de le convaincre que cet apparent fiasco cache une belle réussite.
1. Il apparaît clairement que l'échec est dû à l'intransigeance unilatérale du camp intégriste. Rome a fait tous les efforts possibles et donné tout le temps raisonnable à ses interlocuteurs. Lesquels n'ont eu de cesse de demander des amendements au texte présenté par Rome. On ne saurait imputer ce résultat au Saint-Siège.
2. Le statu quo apporte une clarification sur qu'est l’Église catholique romaine. Il y a 50 ans, lors du Concile Vatican II, elle a choisi une orientation nette dans trois domaines importants et connexes – liberté religieuse, œcuménisme, dialogue avec les autres religions. Même au nom de la diplomatie ou de la charité chrétienne, il n'est pas possible de revenir sur cet ADN catholique. Ce qu'a réaffirmé justement Mgr Müller.
3. Certains catholiques qui veulent pousser plus loin l'aggiornamento voyaient s'effondrer cette possibilité dans un accord funeste. Ils vont retrouver confiance dans la sagesse de l’institution. La boussole conciliaire demeure 50 ans après, et peut donc, un jour, être réactivé pour une nouvelle expérience de remise à jour.
4. Le temps du dénigrement de tout ce qui n'est pas catholique est bien révolu. En le réaffirmant, l’Église conserve sa crédibilité dans les débats qui agitent l'agora des philosophies et des religions. Tant que l'ombre du négationniste Mgr Williamsson (ni réintégré, ni excommunié, dans un statut incompréhensible pour le communs des fidèles) planait autour du Vatican, cette position était compromise, notamment pour les relations judéo-chrétiennes.
5. Les équipe du Saint-Siège travaillant sur la question depuis des mois, comme les journalistes et blogueurs spécialisés dans la galaxie catholique, vont pouvoir enfin, fermer le chapitre interminable de ces négociations.
Pour ces cinq raisons, je veux affirmer cet oxymore : vive l'échec.
Le deuil de la résolution du schisme doit être vécu dans la sérénité. Les Lefebvristes les plus conciliaro-compatibles vont s'intégrer dans le dispositif existant – les groupe de 'ralliés' mis en place par la commission ecclesia Dei – et les autres resteront dans leur galaxie.